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Yann en Solo - L'Aventure Australienne - Hors-Série 1, chapitre 2


Dans le deuxième chapitre de ce Hors-Série consacré à la faune australienne, on va continuer notre exploration en s'intéressant à des animaux vraiment très étranges.

C'est une branche très particulière des Mammifères, qui n'existe que dans la région de l'Australie et la Nouvelle-Guinée. Elle s'est séparée de la branche qui a donné les placentaires et les marsupiaux au niveau du Crétacé, et a évolué d'une manière pour le moins atypique.

Sans plus de préambule, commençons tout de suite la découverte des Monotrèmes.






Chapitre 2 – Les Monotrèmes :


Les Monotrèmes sont un ordre du règne animal très particulier avec la principale caractéristique d'être à la fois ovipare et mammifère. C'est à dire qu'ils pondent des œufs et allaitent leurs petits après éclosion.

De plus, comme les mammifères ils ont des poils, une ossature et un cœur semblable aux placentaires et marsupiaux dont on à parler dans le chapitre précédent, mais comme les reptiles ou les oiseaux ils possède un cloaque. C'est un unique orifice pour uriner, déféquer et se reproduire, et c'est d'ailleurs de là que leur vient le nom Monotrème : monos signifiant “unique” en grec, et trêma “orifice”.

Les testicules du mâle se situent dans l'abdomen, et son pénis est rangé dans le cloaque au repos, et en sort lorsqu'il est en érection. Après la ponte des œufs, et une incubation d'environ 10 jours, les petits viendront s'allaiter, mais pas sur des mamelles comme c'est le cas chez les autres Mammifères. Les Monotrèmes possèdent des champs mammaires, de part et d'autre de l'abdomen, d'où perle du lait à travers un pore de la peau au niveau d'un poil épais, appelé poil mammaire.

Ils ont également une homéothermie imparfaite. C'est à dire que leur capacité à garder une température interne constante quelque soit la variation de température extérieure, n'est pas optimale, car celle-ci peut varier de plusieurs degrés dans une journée.


Après cette rapide introduction, nous allons pouvoir passer plus précisément à la description des deux familles représentant cet ordre, à commencer par le plus connu.






1) L’Ornithorynque :


Il tient son nom de son aspect étrange : ornithorynque vient des mots grecs ὄρνις / órnis “oiseau” et ῥύγχος / rhúgkhos “bec”, soit “à bec d’oiseau”.

Son apparence inhabituel l'a longtemps fait passer pour un canular. Quand en 1798, le Capitaine John Hunter, Gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud, où se trouve Sydney, a envoyé une peau d'ornithorynque et un dessin de l'animal en Grande-Bretagne, les scientifiques britanniques n'y ont pas cru. Ils pensaient que c'était l’œuvre d'un taxidermiste asiatique qui avait cousu un bec de canard sur une peau de castor, et essayaient de trouver les points de coutures.

C'est vrai qu'avec sa forme, sa couleur et sa queue plate rappelant un Castor, ses palmes et son bec de canard, il est vraiment bizarre et a l'air d'une chimère. Mais son étrangeté ne s'arrête pas qu'à ça, et ce n'est pas pour rien qu'il est l'un de mes animaux australiens préférés.


C'est un animal nocturne et très farouche, qu'on ne voit pas facilement dans la Nature. Aujourd'hui il vit sur la côte Est de l'Australie, et en Tasmanie, dans les cours d'eau où il trouve sa nourriture. Il s'abrite dans des terriers sur les berges, et plonge par tranche d'environ 30 secondes pour attraper des vers, des larves d'insectes, des crevettes d'eau douce, des petits poissons et leurs œufs, des écrevisses.

Quand il plonge, ses yeux, ses narines, ses oreilles et sa gorge sont bouchés, il est donc sourd et aveugle sous l'eau, mais il se sert alors d'un sens tout à fait unique chez les mammifères : l'électrolocalisation. Situés dans son bec, qui est en réalité une mâchoire cornée, se trouvent des électrorécepteurs qui peuvent détecter le champ électrique produit lors de la contraction musculaire de ses proies. Et ça c'est plutôt balaise.

Pour pouvoir supporter l'eau froide des rivières, qui descend parfois à 5­­°C, il possède une fourrure doublée de tissus adipeux, et des réserves de graisses dans la queue, comme c'est aussi le cas chez les Diables de Tasmanie et certains moutons.

Il se déplace sous l'eau à l'aide de ses pattes palmées, et étonnamment il n'utilise que ses pattes antérieurs pour se propulser, les postérieurs lui servant de gouvernail en complément de sa queue. Ses palmes lui sont également utiles pour se déplacer sur des sols vaseux, et il peut les rétracter partiellement quand il marche sur sur un milieu sec ou pour utiliser ses griffes et sortir d'une berge.

Sur le sol il se déplace à la façon d'un reptile, ce qui est dû au placement de ses pattes qui se trouvent sur le côté du corps, et non en dessous comme chez les autres mammifères.


Il fait environ 40 à 50 cm au total, avec une queue de 12cm et un bec de 6cm. Son poids varie de 700g à 2,4kg, et la femelle est légèrement plus petite.

Il a une espérance de vie d'environ 21 ans, et est sexuellement mature à 2 ans. Il se reproduit une fois par an, entre juin et octobre, et seule la femelle va s'occuper des petits après cela.

Après 28 jours de développement dans l'utérus, elle va pondre 1 à 3 œufs qu'elle va incuber 10 jours. Ils vont ensuite éclore, et elle va protéger et nourrir ses petits. C'est au bout de 4 mois qu'ils sortiront du terrier pour la première fois.


L'Ornithorynque possède une défense encore une fois très inhabituelle : des dards empoisonnés. Ce qui en fait l'un des rares mammifères venimeux au monde (aux côtés par exemple de la Taupe d'Europe, dont la salive contient des toxines permettant de paralyser les vers de terres qu'elle attrape afin de constituer une réserve).

Ce dard est situé sur les pattes postérieures, et il est relié à une glande dans la cuisse. Le venin n'est pas mortel pour un humain, mais peut provoquer de fortes douleurs et des paralysies du membre touché pendant plusieurs jours. Par contre, pour des animaux de la taille d'un chien ou d'un renard, ce venin est mortel.

À noter cependant que ce dard s'atrophie chez la femelle, et que la glande n'est fonctionnelle chez le mâle que pendant la période de reproduction, mais ça reste classe.


L'ornithorynque a disparue de certaines régions, notamment l'Australie Méridionale, où se trouve Adélaïde, mais depuis 1905 il a été catégorisé en espèce protégée, dans le but d'empêcher la chasse pour son pelage, et il est maintenant en “préoccupation mineure”.

Ses principaux prédateurs étaient principalement les Dingos, les Serpents, les Goannas et les Rapaces (et certainement les crocodiles, ce qui est possiblement la raison pour laquelle il n'y a pas d'Ornithorynques dans le nord de l'Australie). Aujourd'hui il faut ajouter à ceux-ci le chien, le renard, le chat, et les humains. Certains par accidents de pêche, en les prenants dans leurs filets ou casiers dans des zones non-autorisées, mais aussi avec les voitures, la pollution des rivières, ou encore la chasse illégale. J'avais discuté avec une gérante d'un magasin de Souvenirs de la ville de Port Fairy, au Sud-Ouest du Victoria, où se trouve Melbourne, et elle m'avait parlé de 3 Ornithorynques qui avaient été égorgés et étendus sur le bord de la rivière, sans raisons apparentes...

J'ai trouvé ça triste de s'en prendre sans raisons à ce petit animal tellement atypique et intéressant, qui en plus à une viande plutôt mauvaise apparemment d'après les Aborigènes. Et mise à part le fait que je trouve l'Ornithorynque vraiment très cool, je pense qu'il est important de le préserver parce qu'il est l'un des seuls représentant de l'ordre des Monotrèmes avec ceux dont nous allons parler maintenant.






2) Les Échidnés :


C'est l'autre famille de Monotrèmes encore en vie aujourd'hui avec l'Ornithorynque, et il en existe 3 espèces (peut-être 4 car un Échidné d'Attenborough aurait été aperçu en 2007). Ces espèces vivent en Nouvelle-Guinée, et seulement une d'entre elles vit en Australie, l'Échidné à nez court, c'est donc elle qui va particulièrement nous intéresser ici.


L'apparence de l'Échidné n'est peut-être pas aussi étrange que celle de l'Ornithorynque, mais il est tout de même très spécial.

Il ressemble un peu à un hérisson, et son nom pourrait venir du grec ancien ἐχῖνος ekhinos, qui signifie “hérisson” et “épine”. Il fait entre 30 et 45cm de long, avec une queue de 9cm et un petit museau de 7,5cm. Au bout de celui-ci se trouve ses narines qui ont un très bon odorat, et une bouche qui peut s'ouvrir de 5mm max, d'où sort une langue de 18cm recouverte d'une salive collante permettant d'attraper les fourmis et termites dont il se nourrit exclusivement. Cette salive sert aussi de lubrifiant, car il peut faire sortir sa langue près de 100 fois par minute.

Il possède également une ouïe sensible au basse fréquence, très utiles pour repérer le son de ses proies dans leurs galeries. Avec ses pattes avant il peut creuser pour atteindre ses proies, mais également pour se mettre lui-même à l'abri, ne laissant dépasser que ses épines. Il a développer une forte capacité à supporter de grande concentration de gaz carbonique, afin de rester enfoui de cette manière assez longtemps.

Si il n'a pas le temps de s'enfouir, il possède un énorme muscle recouvrant tout son corps sous la peau, une fois contracté il lui permet de ressembler à une boule de piquants, protégeant même son ventre, ses pattes et son museau.

Ses épines peuvent mesurer jusqu'à 50 millimètres de long. Ce sont des poils creux modifiés, principalement formés de kératine.

Comme l'Ornithorynque, il possède aussi des dards, situés au gros orteil des pattes postérieures, mais ceux-ci ne s’écrêtent pas de venin, il servent à communiquer pendant la reproduction.

Un autre aspect intéressant de ses pattes arrières est le fait que leurs griffes soient dirigées vers l'arrière, afin de faciliter le nettoyage entre les épines.


Ce petit animal est réparti sur toute l'Australie, il est solitaire et n'a pas vraiment de territoire mais de vaste domaine sur lesquels il se déplace lentement. Encore plus lentement lorsqu'il fait très chaud ou très froid, car son métabolisme se met alors à travailler à un rythme ralenti. Quand il fait vraiment trop froid, et que ça température interne, normalement de 30°C, se retrouve à 5°C, il hiberne. De la même façon, alors qu'il vit normalement le jour et dort la nuit, il change de rythme dans les périodes où il fait trop chaud la journée, préférant alors dormir à l'ombre le jour et s'activer la nuit.

L'Échidné a une espérance de vie de 45 ans, et atteint sa maturité sexuelle vers 5 ans. Il se reproduit alors environ une fois par ans, aux environs de Mai à Septembre. Les mâles et les Femelles dégagent alors de puissants phéromones, ce qui attirent parfois plusieurs mâles sur une femelle.

Après l'accouplement, qui se déroule couché sur le côté, abdomen contre abdomen, la gestation dure entre 21 et 28 jours. Il va en sortir un unique œuf qui va être directement rangé dans une poche abdominale orientée vers l'arrière. L’œuf éclos 10 jours après, et vers 2 à 3 mois le petit Échidné quittera définitivement la poche à cause de ses piquants. Il en sera déjà sorti avant, attendant que sa mère aille manger, patientant parfois 5 à 10 jours qu'elle revienne. Heureusement qu'il peut avant ça ingurgiter une assez grande quantité de lait (rose à cause de la grosse concentration en fer), de la même façon que les Ornithorynques, sans mamelles, mais par les pores de la peau situés dans la poche abdominale. Il sort du terrier entre 3 et 5 mois, et se sépare définitivement de sa mère à 1 an.


Malgré la défense efficace que sont ses piquants, l'Échidné a beaucoup de prédateurs, comme les rapaces, les Diables de Tasmanie, et aujourd'hui les chats, les chiens et les renards. J'imagine que ce dernier les chasse de la même manière qu'il chasse les hérissons en Europe : lorsqu'ils se mettent en boule pour se protéger, il leur pisse dessus pour qu'ils s'ouvrent et leur attaque le ventre.

L'Échidné est aussi chassé par les Aborigènes, qui apprécie beaucoup sa chaire, et certaines tribus ont d'ailleurs le mot “viande” dans le nom qu'ils donnent à l'Échidné.

L'ingestion d'un Spirometra erinaceieuropaei, une espèce de Plathelminthes, un vers parasite, peut provoquer chez l'Échidné une maladie entraînant la mort. Les véhicules sont aussi un gros problème pour eux, et j'ai personnellement essayé d'aider un Échidné sur le dos au milieu de la route, avant qu'un poids lourd n'arrive, pour finalement me rendre compte après coup qu'il s'en était déjà pris un.. (Vous verrez cette histoire dans son contexte quand sortira la suite de mes Aventures).


Malgré tout, l'Échidné à nez court n'est pas en danger immédiat, ce qui n'est pas le cas de ses cousins guinéens. Il reste en tout cas beaucoup à apprendre sur cet animal hyper intéressant et son mode de vie, c'est pour cela que la Wildlife Preservation Society, au Queensland, où se trouve Brisbane, a créé une campagne appelée “Echidna Watch” pour les surveiller et les étudier.






Ce deuxième chapitre sur les animaux australiens était un peu plus court, et pour cause, les Monotrèmes, bien que très intéressants, ne sont pas nombreux. J'espère vraiment que ce chapitre a été aussi sympa à lire qu'il le fut pour moi à écrire, et que vous avez appris pas mal de choses que vous allez pouvoir ressortir dans vos discussions mondaines.

Comme la dernière fois vous pouvez retrouvez ci-dessous les différentes pages de recherches qui m'ont servi à écrire cet article (oui, c'est encore principalement Wikipedia), si vous souhaitez vérifier des informations ou en savoir un peu plus que ce qui est condensé ici.

On se retrouve dimanche prochain pour un nouveau chapitre sur les animaux australiens, où on s'intéressera plus particulièrement aux oiseaux.

Allez, @ la prochaine,

et Bon vent

Yann

Sources :

Monotrèmes :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Monotremata

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hom%C3%A9otherme

Ornithorynque :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ornithorynque

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mammif%C3%A8re_venimeux

Échidné :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chidn%C3%A9

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chidn%C3%A9_%C3%A0_nez_court

https://fr.wikipedia.org/wiki/K%C3%A9ratine

https://fr.wikipedia.org/wiki/Plathelminthes

https://fr.wikipedia.org/wiki/Spirometra_erinaceieuropaei

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