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Yann en Solo - L'Aventure Australienne - Péripétie 4, Partie 3



En ce début de Février 2017 j'étais prêt à quitter mon appartement de Melbourne pour m'installer dans l'auberge de Wangaratta, au nord de l'état du Victoria, où notre équipe de représentant au porte à porte allait loger un certain temps.

Avec mon boss qui m'avait donné en plus le boulot de caretaker, et le fait de ne plus avoir à payer de loyer ou la nourriture, j'étais en bonne posture pour recommencer à économiser pour la suite de mon Aventure Australienne.




Je suis retourné à ma colocation de Melbourne pour récupérer mes affaires. On en a profité pour fêter mon départ lors d'une soirée où, pour la première fois, tous les colocataires étaient rassemblés.

Chris, Julia, et Grace, de Corée du Sud, avec qui nous avons goûté un gâteau typique de leur pays, les trois colocs colombiens avec qui on a partagé des bières, de la tequila et le reste de mon rhum, et pour finir Clément, le français qui m'avait fait garder espoir dans les heures sombres qui ont suivi le vol de mon vélo.

On a passé un bon moment où on a finalement appris à se connaître un peu plus. Ils m'ont également proposé de revenir à l'appart si jamais j'avais besoin d'un endroit où dormir sur Melbourne. Très sympa.

Alors qu'après toutes ces dégustations nous étions tous déjà bien éméchés, Clément a voulu aller se ravitailler. Je l'ai accompagné et on déambulé à travers toute la ville à la recherche d'un commerçant qui serait ouvert et vendrait de l'alcool, mais au petit matin on ne l'avait pas trouvé, on a alors fait un tour au casino “Crown Melbourne”. On y a pas joué, mais ça m'intéressait de voir à quoi ressemblait un casino, ces lumières, les différents jeux,... À un moment j'ai touché à une roulette de 'Roue de la Fortune' d'une table vide et des vigiles sont venus nous dire de partir.

C'était une soirée marrante, et un 'au revoir' à mes collocs et la ville, que je ne reverrai que quelques semaines plus tard pour acheter mon vélo.




J'ai vite remarqué que dans mon boulot les gens avaient tendance à venir et repartir assez vite, que ce soit leurs décisions ou non. C'est typiquement un job d'étudiants et de pvtistes, et c'est ainsi que j'ai pu rencontrer beaucoup de personnes, de tout horizons : anglais, écossais, allemands, canadiens, indiens, pakistanais, nigériens, sri-lankais, fidjiens...

C'était vraiment intéressant de constamment parler en anglais, que ce soit tranquillement entre collègues avec qui il régnaient une bonne ambiance, ou durant mes heures de travail où mon job consistait également à parler en anglais. C'est durant cette période que j'ai vraiment senti que j'améliorais mon expression dans la langue de Shakespeare.


Sur les centaines de personnes à qui j'ai parlé après avoir frappé à leur porte il y en a eu de toutes sortes. Ceux qui n'étaient pas du tout intéressés et qui ne me laissaient même pas commencer à dire pourquoi j'étais là, et parmi ceux là se trouvent forcément les gens qui ne croient pas au fait de devoir passer à des méthodes de production d'énergie plus propres, et n'aiment pas l'énergie solaire car ça ferme les usines de charbon... À l'extrême j'ai également rencontré quelqu'un qui m'a carrément dit ''détester les panneaux solaires''.

Parfois je tombais sur des personnes très intéressés mais malheureusement non éligibles, le plus souvent car ils étaient locataires. Ce qui ne nous empêchait pas de discuter de tout et de rien, et quelques fois pendant très longtemps. C'est aussi arrivé avec des personnes pas intéressées, et l'une d'elle m'a même proposé un verre de vin alors que je travaillais un samedi. Comme avec Jésus, ce verre de vin s'est multiplié, et finalement j'ai quand-même pu prendre un rendez-vous avec elle.

Oui, car le but de mes visites chez ces gens était à la base de leur faire prendre des rendez-vous avec des consultants en énergie solaire, mais même si je n'en prenais pas énormément j'arrivais à trouver de l'intérêt à mes déambulations.

Une fois, en m'ouvrant la porte, un homme s'est mis à sourire comme si il essayait de se retenir de rire, et quand j'ai eu terminé mon introduction il m'a simplement félicité pour ma barbe, qui commençait à être assez longue, en me serrant la main. Ça m'a aussi amusé.

Il m'arrivait quand-même de prendre quelques rendez-vous, il ne faut pas croire. Et heureusement, sinon mon boss ne m'aurait pas simplement gardé pour mon indéniable sympathie. J'arrivais chaque jour, avec persévérance, à avoir 1 ou 2 rendez-vous, voir même 3 !

Par persévérance, j'entends que je frappais inlassablement à toutes les portes jusqu'à ce que je tombe forcément sur quelqu'un qui était intéressé. Il m'est arrivé quelque fois de prendre des rendez-vous avec des personnes pour d'autres raisons, comme la fois où je suis arrivé chez un australien marié à une française, et dont les beaux-parents bretons étaient présents. J'ai pu discuter avec eux, dans le frais de la chaumière alors que dehors il faisait presque 40 degrés, et eu ce rendez-vous par sympathie envers un compatriote à l'autre bout du monde.

Il m'est arrivé d'avoir un autre rendez-vous par sympathie parce que c'était mon anniversaire, et ce jour fut suivi par une mémorable soirée.




Pour expliquer l'évènement majeur de la soirée de mon anniversaire il me faut remonter un peu avant. Nous sommes rentré un soir de la semaine et on nous a dit qu'un petit serpent se serait caché sous le plancher de notre auberge alors qu'il se faisait poursuivre par deux mecs avec des pelles. Certains de mes collègues ont commencé à flipper, notamment Ali qui avait la phobie des serpents.

La semaine a passé sans que, à ma grande tristesse, on ne puisse l'apercevoir. Ce n'était que pour pouvoir me faire une surprise lors de mon anniversaire, où alors que nous étions à l'extérieur à prendre une bière, ou plusieurs, à ma santé, le petit serpent est sorti.

Il a serpenté le long du mur, puis s'est réfugié dans un tuyau dans le sol.

On s'est demandé un moment où il allait, et je me demandais surtout quoi faire si il continuait à roder dans le coin, car c'était indéniablement dangereux..

La soirée a suivi son cours, et vers minuit un cris a retenti depuis la salle de bain. Alors qu'il allait prendre une douche, Ali s'est retrouvé face au serpent après avoir ouvert le rideau. Il était heureusement coincé par les rebords de la douche et le fait d'être mouillé après être passé par les canalisations d'évacuations de l'eau rendait son évasion impossible malgré ses gigotements.

Il était toutefois dangereux de le laisser là, il pouvait toujours possiblement retourner dans le trou d'évacuation et donc réapparaître autre part. J'étais le caretaker, il fallait donc que je fasse quelque chose, c'est donc armé d'une canne de billard que j'ai entrepris de tuer ce serpent, le plus rapidement que je le pouvais, car le faire souffrir n'était aucunement mon attention. Je regrettais de devoir en arriver là, et j'aurais préféré le rencontrer dans d'autres circonstances.

Après quelques recherches j'ai appris qu'il s'agissait d'un jeune Eastern brown snake, la deuxième espèce de serpent la plus venimeuse du monde.




Cette aventure, qui a ouvert ma vingt-septième année en beauté, ne m'a pas découragé à aller me balader dans les environs. Certes, je me suis fait de petites frayeurs, ou plutôt de bonnes montés d'adrénalines, en marchant au milieu des hautes herbes sans pouvoir être sûr de ce qui faisait les bruissements autours de moi, tout en slalomant au milieu des immenses toiles d’araignées de Golden Orb Weaver. Vous pouvez d'ailleurs voir ces décors dans certains épisodes de ''Édouard Michael vs Australia'' que j'ai tourné là.

J'ai également été exploré la petite rivière à côté, qui a cette période de l'année n'était vraiment pas haute. Elle l'était quand-même assez pour que mon boss me propose d'aller y pécher des yabby à l'aide de casiers. Les yabby sont de petites écrevisses d'eau douce, et ça m'avait l'air intéressant d'en pêcher au moins pour en voir. Après quelques recherches j'ai vu qu'ils étaient omnivores, mais particulièrement friands de foie de porc, j'ai donc été m'en procurer en ville. J'ai ensuite mis à l'eau quatre casiers le long des berges, un peu à l'abri du courant, là où vivent généralement les yabby.

Sur les quelques nuits où je les ai laissé je n'en ai pas eu beaucoup, et beaucoup trop de très jeunes qui n'avaient même pas encore développés leurs pinces.. Je les ai donc relâchés.

En plus de ces maigres pêches, ce qui m'a fait arrêté c'est aussi d'avoir récupéré un Golden ring tailed possum noyé dans un de mes casiers..

Ça m'a évidemment attristé, même si je me demande encore ce qui lui a pris d'aller là alors que son espèce n'est pas censée chercher sa nourriture dans l'eau. Pour me rassurer, je me disais qu'au moins ce n'était pas une espèce menacée, mais j'avais peur d'attraper malencontreusement un ornithorynque, qui en plus d'être protégé et un de mes animaux préférés. Je vous reparlerez d'ailleurs prochainement de cette étrange animal plus en détail.



Nous avions été dans tous les villages aux alentours de notre auberge, il nous fallait donc partir vers de nouveaux horizons. C'était important pour proposer les rendez vous à d'autres personnes, mais aussi pour que l'équipe puisse un peu changer d'air. C'est pourquoi nous avons quitter le bush au nord du Victoria pour nous diriger vers Lakes Entrance, sur la côte Est. C'était marrant car j'étais passé dans ce coin quelques mois plus tôt en rejoignant Melbourne depuis Sydney.

Le moyen le plus direct était de passer par la Great Alpine Road, une route de montagne très sympathique malgré le temps automnal un peu maussade.

En arrivant près de notre destination en pleine nuit, on est passé par une forêt où l'on a pu brièvement apercevoir un wombat traverser le chemin. Je n'avais vu cet animal que dans le zoo de Brisbane ou percuté sur la route, mais comme c'est un animal plutôt timide et nocturne on le voit rarement autrement.

Le matin, quand le reste de l'équipe est arrivé, on a été se balader au bord de la mer, parce que ça faisait longtemps qu'on était en plein bush donc c'était sympa de voir autre choses et de sentir l'air marin.

Dans la semaine j'ai fait mes “meilleurs scores”, c'est à dire que j'ai atteint de nouveaux “PB” : “Personnal Best” comme on dit dans le milieu. J'ai donc pu faire bonne impression aux nouveaux membres fraîchement arrivés.


J'ai aussi profité de ce nouveau décors pour tourner un épisode de Édouard Michael sur la communication dans la forêt (Édouard Michael vs Australia – Épisode 40). J'y étais allé en empruntant un vélo du boss, qu'il avait récupéré d'occasion à vraiment pas chère. J'avais déjà dû effectuer quelques réparations quand je l'utilisais dans la précédente ville, mais là il avait encore fait des siennes. En rentrant de mon tournage la chaîne s'est tout simplement brisée, et c'était beaucoup plus chiant pour pédaler. Le retour n'a pas été facile, parce que j'étais pas tout près et que je n'avais pas tout mon temps, je bossais dans l'après-midi. Je devais donc courir à côté du vélo et quand il y avait une descente je remontais dessus. Finalement le voyage fut plutôt fun.


Pendant cette période à Lakes Entrance, j'ai aussi fait la connaissance de mes collègues Kai et Bo, un couple d'Anglais aussi en PVT en Australie. Ils m'ont invité à me joindre à eux pour une soirée électro dans un club de Melbourne, le week-end où j'y suis retourné pour acheter mon nouveau vélo. Ce fut une soirée plutôt fun, dont j'avoue ne pas me souvenir intégralement, à part le fait d'être monté sur scène à un moment pour faire des 'coucou' aux gens.

Au matin j'ai ensuite été acheté mon nouveau vélo, au magasin '99 Bikes' cette fois. C'était un Merida Big Nine, avec des caractéristiques comparables à celles de mon précédent vélo : roues de 29 pouces, freins à disques et passage des vitesses à crans d'arrêt.


J'avais également commandé une nouvelle tente sur le site de Décathlon Australie, car je n'avais plus trop envi de tenter les tentes des magasins australiens, après ce qui était arrivé avec l'autre.. Surtout que celles de Décathlon étaient moins chères, et d'expérience elles sont de meilleures qualité. Je ne suis pas sponsorisé par eux pour le dire, et c'est dommage, mais il est vrai que j'aime beaucoup les équipements proposés par ce magasin.



Le week-end où l'on a quitté Lakes Entrance pour aller vers la dernière ville où j'allais frapper aux portes, je l'ai passé avec Kai et Bo chez une tante à elle qui vivait près de Melbourne. Enfin j'en ai surtout profité pour aller tester mon équipement dans les montagnes alentours. J'ai fait un trek sous forme de boucle, et j'ai dormi dans les montagnes à un emplacement gratuit totalement bondé. Il faut dire que c'était le week-end de Pâques, et je l'ai déjà dit mais les australiens adorent camper dès qu'ils en ont l'occasion.


Mes dernières semaines avant de repartir à l'Aventure furent plutôt tranquilles. J'étais à Port Fairy, entre Melbourne et Adélaïde, la prochaine étape de mon périple. J'y préparais mon départ, en fabriquant entre autre une structure me permettant de transporter plus d'eau dans le désert, car beaucoup de gens, dont mon boss, pensaient que j'allais crevé sinon.

Je travaillais toujours l'après-midi, mais le matin avec Kai on allait visiter le coin, et notamment le joli phare de Port Fairy. Les soirées étaient également agréables, nous étions plus que Kai, Bo et B, et on vivait dans des petits mobil-homes plutôt sympa.


À environ une semaine de mon départ, j'ai profité d'une journée de repos pour me faire un petit échauffement/entraînement à vélo. Je suis parti longer la côte et admirer la Great Ocean Road (oui, en Australie ils aiment bien les “Great Road”), que j'avais prévu de voir en partant de Melbourne, mais comme elle se trouvait entre Port Fairy et Melbourne ce n'était plus sur ma route.

C'était assez dur, mais les vues valaient le coup. Paradoxalement, 'The Twelve Apostles', le lieu le plus emblématique et qui marque l'entrée de la zone, ne m'a pas paru aussi bien que d'autres endroits sur la route. C'était peut-être dû au fait que j'avais fait la route à l'envers, qu'il y avait trop de monde, ou qu'il était simplement surcôté car beaucoup plus touristique que le reste de la route.


Après ça, mon boss avait été assez sympa pour ne me faire travailler qu'un jour sur deux pour ma dernière semaine, ce qui m'a permis de vraiment bien préparer la suite de mon périple.

J'en ai profité pour aller acheté un souvenir pour mon cousin Gustave qui allait avoir 3 ans. J'ai trouvé une petite boutique de souvenir où j'ai discuté un long moment avec la dame qui le tenait. On a d'abord parlé d'animaux, parce que je lui disais rechercher une peluche d’ornithorynque (après celle d'un Kea, un perroquet alpin, envoyé depuis la Nouvelle-Zélande l'année précédente). On a ensuite parlé de voyage, et je lui ai montré mon véhicule que j'avais garé sur le trottoir. Elle a trouvé ça sympa, et son mari qui venait d'arriver aussi. Il nous a pris en photo avec elle, mon vélo et une peluche d'Ornithorynque. Je pense qu'elle m'avait vraiment trouvé sympathique car elle m'a offert la petite peluche, et c'était pas n'importe laquelle, c'était Syd, une des mascottes des JO de Sydney 2000. J'ai donc pu l'envoyer à Gustave.



Après ces quelques mois plus ou moins sédentaires, j'étais maintenant prêt à repartir en selle. J'avais eu quelques coups durs, comme le vol de mon vélo, mais j'avais su m'en sortir et en étais sorti plus grand et plus fort. J'avais aussi vécu de nouvelles expériences, que je n'aurais jamais vraiment pensé avoir, et rencontré un tas de gens sympa, avec qui je suis pour certains encore en contact.

J'étais donc heureux que le hasard des rencontres et des évènements aient mené à ces péripéties, mais il fallait maintenant tourner cette page et me concentrer sur la suite. Ça allait assurément être physiquement plus dur, et il allait me falloir un bon mental pour m'aider à surmonter ces épreuves.


En commençant à m'entraîner j'avais un peu repris une forme physique, et je partais plutôt confiant, mais surtout j'étais vraiment pressé de prendre la route car l'Aventure m'avait énormément manqué.



Allez, @ la prochaine,

et Bon vent

Yann

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