Yann en Solo - L'Aventure Australienne - Péripétie 3, Partie 3
Ma journée de repos, quelque peu humide, m'avait bien reposé, et j'étais prêt à reprendre la route. Mais avant ça, une petite surprise allait m'attendre, car à mon réveil, au moment où j'ai ouvert les yeux, je me suis retrouvé face à ça.
Étape 6: Mardi 18 Octobre 2016
Comme vous le voyez, cette “Manhunter”, large comme ma main, était heureusement à l'extérieure de la tente, mais elle se trouvait néanmoins entre cette toile interne et la toile externe. Pour maintenir cette dernière il faut la fixer aux arceaux, et donc pour l'enlever il a fallu que je passe mes mains sous la toile pour défaire les nœuds, sans voir mes mains, mais sachant pertinemment qu'elles devaient être très près de l'araignée. C'était un moment assez drôle.
Une fois la toile extérieure retirée, j'ai pris cette photo, et à l'aide d'un bâton j'ai envoyé l'araignée plus loin. Je sais ce que vous vous dîtes, mais j'avais déjà pris un petit-dèj.
Après cet intéressant réveil, la journée fut, elle, plutôt calme. La route a été assez courte, mais avec pas mal de dénivelées plutôt rudes, et je suis arrivé à mon campement en début d'après-midi.
Ce campement était une petite aire de repos à côté de la route et d'une rivière un peu asséchée. Comme je n'étais pas bien sûr du fait de camper ici, j'ai décidé, comme il est de coutume, d'attendre que la luminosité diminue avant de monter ma tente.
J'ai donc lu et un peu écrit. Puis quand la nuit a commencé à tomber, j'ai commencé à préparer ma tente. Un motard est arrivé à ce moment là, il était lui aussi venu passer la nuit.
Il s'appelait Shaun (ou Sean, ou Shawn ?), et m'a filé une canette de “Foster”. Ça peut paraître étrange, mais c'est l'unique fois où j'en ai bu en Australie.
Nous avons un peu discuté, mais nous sommes assez vite retourné à la construction de nos campements respectifs avant qu'il ne fasse trop noir.
Les chiffres de l'étape: 63 km, en 4h53 effectif, soit une moyenne de 12,9 km/h.
Étape 7: Mercredi 19 Octobre 2016
Ce matin là, pour ne pas trop éveiller les soupçons, même si je pense que tout le monde s'en foutait, j'ai d'abord plié ma tente et rangé toutes mes affaires avant de prendre mon petit-déjeuner.
J'ai repris la route, et comme c'était le cas depuis plusieurs jours, j'ai continué à prendre de l'altitude, malgré le fait que je n'avais pas l'impression qu'il y avait autant de dénivelées.
J'ai suivi un raccourci indiqué par GoogleMap, mais après avoir galéré un bon moment dans une route boueuse, je me suis retrouvé fasse à une rivière qui coupait le chemin. J'ai dû faire demi-tour, et me retaper la route boueuse.
Je suis ensuite arrivé dans la ville de Bega (où j'ai fait attention aux loups), et j'ai fait quelques provisions. Après ça j'ai continué mon chemin jusqu'à Candelo, pour m'installer dans le parc du Dr William. Oui, je m'apprêtais à camper dans le parc communal, mais apparemment d'après WikiCamps c'était autorisé. De plus, le fait que je monte ma tente là n'avait pas l'air de gêner les gens qui venaient faire jouer leurs enfants sur les balançoires et autres tyroliennes du parc.
Néanmoins, des enfants un peu intrigués sont venus me parler. Une petite fille ne comprenait pas le principe de mon voyage, et de ne pas avoir de maison fixe pendant aussi longtemps. C'était amusant.
Puis une mère est arrivée et nous avons continué à discuter. Elle m'a conseillé d'acheter des saucisses dans la petites épicerie de la rue, parce qu'il y avait un barbecue à gaz publique dans le parc. J'ai fait comme ça, et alors que je dégustais mes saucisses, je me suis rendu compte que comme en Nouvelle-Zélande, ils ne savaient vraiment pas faire de bonnes saucisses dans le coin.
Les chiffres de l'étape: 58 km, en 4h33 effectif, soit une moyenne de 12,7 km/h.
Ma petite journée de repos a commencé par la réparation de la roue de ma remorque. Je l'ai en effet retrouvée à plat. Je me suis dit que ça devait être une crevaison lente, étant donné qu'elle ne l'était pas à mon arrivée hier. En tout cas c'était la première fois que j'avais un problème avec cette roue, mais malheureusement pas la dernière..
Comme j'avais le temps, j'ai décidé que plutôt que de changer totalement la chambre à air, j'allais tester mon kit de rustines. Habituellement, même avec mes vélos en France, pour pas trop me faire chier et parce que je suis un peu un cycliste en mousse, à chaque crevaison je changeais directement toute la chambre à air. Le truc, c'est qu'en plus d'augmenter mon indice carbone, cela augmenter mon budget vélo.
Pas trop habitué donc, j'ai mis un peu de temps à mettre la rustine, même si il n'y avaitpas non plus besoin d'être ingénieur pour ça, et la roue a retrouvé la forme. Seul l'avenir pourrait me dire si la réparation tiendrait.
Pour fêter ça, je suis ensuite allé déjeuner à “Two Blokes Cafe”, un restaurant de burger dont l'un des enfant m'avait venter les mérites la veille, et effectivement, les burgers, ça ils savent les faire ici.
En fin d'après-midi un homme est venu me parler. Il était sympa, et comme il était le chauffeur de bus de l'école du coin, il m'a proposé de monter pour sa tournée, afin que je puisse visiter un peu le coin. Mais j'ai dû refuser à contre-cœur, parce que je ne voulais pas laisser mes affaires toutes seules dans le parc au milieu de la ville.
J'ai fini cette journée en finissant mon paquet de saucisses de la veille, qui ne s'était pas bonifiées..
Étape 8: Vendredi 21 Octobre 2016
La route a directement commencé par monter à fond, ce qui échauffe pas mal pour le reste de l'étape. Je me suis ensuite retrouvé sur une route de terre, mais propre, et plus loin j'ai dépassé un camion qui arrosait cette route. Même si sur le principe on s'en fout un peu de cette anecdote, je me demande bien pourquoi il faisait ça.
Si il y a bien une chose que j'apprécie avec le fait de voyager en vélo, c'est que l'on peut mieux observer ce qu'il se passe sur le côté de la route, et s'arrêter quand il y a quelque chose d'intéressant. C'est ainsi que j'ai pu aller voir un Échidné se repaître d'une fourmilière, avec des fourmis qui lui montaient partout dessus, sans qu'il n'ait vraiment l'air d'y faire attention.
Pour la pause déjeuner, je me suis arrêté à Eden, en face d'un camping originalement appelé “Garden of Eden”.
La journée a continué tranquillement, puis j'ai pu apprécier le fait d'être à la moitié de ce périple. La moitié la plus facile par contre, car en terme de distance je n'y étais pas encore, et en plus de ça je n'avais pas non plus fait les kilomètres les plus pentus...
Les chiffres de l'étape: 74 km, en 6h06 effectif, soit une moyenne de 12,1 km/h.
Étape 9: Samedi 22 Octobre 2016
Dans la nuit j'avais entendu de la pluie, et ça ne me plaisait pas trop. Mes craintes se sont confirmées quand j'ai sorti le nez de ma tente pour voir que le temps n'était pas terrible..
Surtout que c'était un jour où j'avais décidé de fusionner mes deux prochaines étapes, afin de gagner un jour de repos avant une journées vraiment dure qui m'attendait.
Cette journée-ci allait déjà être assez longue et éprouvante, c'était pourquoi je voulais me lever plus tôt. Malheureusement mon réveil n'a pas sonné, très certainement parce que j'avais oublié de le mettre, du coup je me suis levé comme d'habitude à 6h30.
En plus, alors que je m'apprêtais à partir, j'ai vu que la roue de ma remorque était de nouveau à plat.. Je ne savais pas si c'était une nouvelle crevaison ou si j'avais simplement loupé ma réparation, mais cette fois j'ai directement changé la chambre à air.
J'ai enfin pu prendre la route, et à exactement 10h33, j'ai quitté la Nouvelle-Galles du Sud (New South Wales), pour entrer dans mon troisième état australien : le Victoria.
Ce n'est pas pour ça que le temps s'est arrangé pour autant. Il pleuvait, et il y avait du vent, ce qui n'aidait pas dans les côtes, et elles étaient nombreuses. En plus j'avais un peu froid et commençais à me sentir un peu malade. Pas cool..
Je ne trouvais aucun abri pour déjeuner, j'ai donc profiter d'une accalmie pour me poser contre un panneau et manger rapidement.
En fin d'après-midi je suis arrivé dans la ville de Cann River, où j'ai rechargé mes réserves d'eau. De là, j'ai quitté la highway pour me diriger vers mon campement.
J'ai vu deux oiseaux traverser la route en courant. Ils étaient assez loin, mais paraissaient plutôt grands avec de longues queues. Ils m'ont fait penser au dessin que j'avais vu sur le panneau d'entrée de la ville, et après quelques récentes recherches, je peux vous dire que c'était des Superb Lyrebird, une espèce endémique à cette partie de l'Australie. Et si vous faîtes une recherche google, vous verrez qu'ils ont vraiment une allure sympathique.
La route jusqu'à Choof Choof Campsite était extrêmement dure, surtout avec le vent et la pluie qui s'ajoutaient aux dénivelées.. Je ne préférais pas penser au fait que j'allais devoir tout refaire dans l'autre sens pour rejoindre la highway deux jours plus tard.
J'avais l'impression que cette journée n'en finissait pas, elle était vraiment longue et dure, et je réalisais à quel point ce périple SM (originellement pour Sydney-Melbourne) portait bien son nom.
Je suis finalement arrivé, par chance au moment d'une accalmie, j'en ai donc profité pour très vite monter ma tente. Enfin, le plus rapidement que je le pouvais, parce que j'étais mouillé et fatigué, j'avais froid, et mes mains gelées ne répondaient plus très bien.
Une heure plus tard, j'étais confortablement installé, et au sec, dans ma tente. J'ai rapidement mangé, et je me suis endormi directement.
Les chiffres de l'étape: 113 km, en 9h06 effectif, soit une moyenne de 12,4 km/h.
Le lendemain, le soleil était de retour et le temps plus sympa. Comme j'avais envie de chier, je suis parti me balader en dehors du sentier, pris quelques fougères, creusé un trou et fait mon affaire. Je commençais à être assez habile dans ce domaine.
Un peu plus tard, alors que j'étais planté au soleil en train de faire sécher mes affaires que j'avais remis sur moi, un pécheur est arrivé. Comme tout les pécheurs, il m'a d'abord parlé météo, en m'indiquant que mardi il allait faire chaud, et il m'a aussi conseillé de garder les yeux ouverts, car au moins quatre gros serpents habitaient le coin. Je n'en ai malheureusement pas vu de la journée..
Je me suis couché tôt, car je savais que la journée du lendemain allait être dure. Dans la nuit, alors que j'étais à moitié endormi, j'ai entendu un gros 'bang', qui m'a tout de suite réveillé. J'ai d'abord pensé à un coup de feu, mais en me calmant je me suis dit que ça n'y ressemblait pas vraiment. Le son avait été très fort, sur ma gauche. Peut-être que c'était juste un poisson qui avait sauté de l'eau, comme j'en entendait souvent. Mais là quand-même, le son m'avait paru très fort. Comme je n'étais pas vraiment réveillé, le problème était que j'arrivais de moins en moins à me souvenir précisément du son...
Alors que je me rendormais, je me suis dis que c'était peut-être la branche d'un arbre à côté qui avait cassé, ou plus chiant, un arceau de ma tente..
Étape 10: Lundi 24 Octobre 2016
Cette fois j'avais bien mis mon réveil, et je me suis levé à 5h30. J'avais attendu que la luminosité soit suffisante pour que je puisse voir si des serpents m'attendaient à l'extérieur de la tente.
La première chose que j'ai vu cependant, c'était un nouvel arceau de ma tente pété. Donc le bruit de cette nuit c'était bien ça, et il faudrait que je le répare avant de pouvoir monter ma tente. Super, comme si la journée n'était pas déjà assez tendue.
J'avais en effet 120km de prévu, et pas de gentils kilomètres tout plats sur de la route quatre étoiles.
Pour commencer, il a fallu que je refasse toute la route jusqu'à Cann River. Cette même route qui m'avait tué deux jours avant. Et les grosses dénivelées ne sont pas facile à froid, dès le matin. Je commençais déjà à m'énerver un peu sur cette route, parce que j'avais l'impression de ne pas avancer, et s'énerver dès le début de la journée ce n'était pas bon signe.
En arrivant à Cann River, je n'avais fait qu'une vingtaine de kilomètres en 2h30. Ça ne me plaisait pas, sachant tout ce qu'il me restait encore à parcourir.
Après avoir refait le plein d'eau au même endroit que la dernière fois, j'ai repris la highway, mais juste pour un petit moment. En effet, Googlemap m'a très vite indiqué de prendre une route de terre, et d'après lui c'était évidemment le meilleur chemin, mieux que de rester sur la route propre de la highway.
J'ai fait un “saut de la foi”en choisissant de suivre Googlemap. En plus de la terre, il y avait aussi des cailloux, sur des pentes bien raides, et bien glissantes avec la récente pluie. La route était extrêmement dure, et n'améliorait pas mon moral qui était déjà bien bas. Je ponctuais mes efforts en lâchant des “bordel de cul” et autres “putain d'sa mère”.
Ce terrain m'a vraiment poussé au bout de mes limites physiques, et psychologiques. Et dans une énième côte de terre rocailleuse glissante, j'ai perdu le contrôle de mon vélo qui est tombé sur le côté.
Je n'en pouvais plus, j'ai crié un gros “FUCK” au milieu des bois, et je suis resté planté là, debout, à côté de mon vélo.
J'ai passé un moment ici, à réfléchir à ce que je foutait là, en me disant que j'aurais mieux fait de rester chez moi “à faire des chaises en bois”.
Puis il y a eu une sorte de déclic en moi. Je ne saurais pas expliquer comment, ni pourquoi, mais en atteignant cette limite, ce point de rupture, j'ai changé ma façon de penser. J'avais en quelque sorte activé une mentalité de survivant pour me permettre de continuer et de me remettre en selle.
Je me suis dit qu'au lieu de stresser, et de m'en faire pour toute la route à parcourir dans la journée, ce qui comptait vraiment c'était d'affronter l'épreuve présente, et d'y mettre toute ma volonté. Puis de faire de même avec la suivante, et celle encore d'après.
C'est donc avec le cœur et l'esprit plus léger, et un mental remis d'aplomb, que j'ai repris la route en poussant mon vélo, tout en chantonnant “Carry on my wayward son” de Kansas.
J'ai encore passé un moment dans cette forêt, à pousser mon vélo dans les côtes les plus rudes. Et j'ai pu observer des Wallabies, se baladant tranquillement dans ce coin où presque personne ne passe. Ils avaient le pelage plus foncé que ceux que j'avais vu au nord de Sydney, presque noir, et avaient l'air beaucoup plus robustes également.
Finalement je suis sorti de la forêt pour retrouvé une route bitumé au niveau d'un pont. Deux hommes étaient en train de mettre un bateau à l'eau. Ils m'ont regardé avec étonnement, me demandant d'où je venais comme ça. Ça m'a fait marrer de voir que même si ils étaient du coin, ils ne semblaient pas connaître cette route.
Encore une fois, grâce à Googlemap, je ne suis pas rester très longtemps sur cette belle route, et je me suis retrouvé sur de la route de terre, de boue, et même de sable.. Je devais slalomer entre les flaques, et rouler dans l'herbe à côté de la route pour éviter le sable. Je me suis dit qu'au moins, toutes ces épreuves me permettaient de tester mes équipements, et j'étais content de voir qu'ils tenaient la route.
En arrivant en haut de la colline, j'ai pu voir ma route à rejoindre en contrebas. En me rapprochant, j'ai vu qu'avant d'y arriver il me fallait traverser une énorme flaque, que je ne pouvais contourner. Comme le sol était vraiment boueux, je ne pouvais pas traverser ça en vélo sans risquer de me péter la gueule. J'ai donc enlevé mes chaussures et entrepris de traverser cette flaque à pied, en poussant mon vélo sur le passage qui me paraissait le plus stable.
Après avoir tranquillement marché dans la boue, j'ai décidé de prendre ma pause déjeuner pour faire sécher mes pieds en même temps.
J'ai ensuite repris la route sereinement. Il me restait encore beaucoup de distance à parcourir, mais ça ne m'embêtait pas plus que ça maintenant, j'étais au dessus de ces considérations. Je préférais me préparer tranquillement aux différentes épreuves qui m'attendaient sur la route.
Même si j'avais préparé un minimum mon trajet, et que je suivais ma carte, je ne savais jamais vraiment ce qui m'attendait dans les kilomètres à venir. J'avais un peu l'impression d'être comme le Capitaine Kirk, à bord de l'USS Enterprise, qui au mépris du danger avançait vers l'inconnu. Bon, la comparaison s'arrêtait ici, car on n'affrontait pas les même dangers, et au lieu de d'être dans un vaisseau spatial avec un équipage, j'étais tout seul avec mon vélo.
Pour me motiver à avancer, je pensais également à Luke Cage, et à son “Keep moving forward, always”. Et je me rend compte que tout ces héros, et leurs histoires, bien que fictionnelles, m'ont toujours beaucoup apporté dans la vie, et donné la volonté pour me pousser à être meilleur.
Puis ma nouvelle épreuve est arrivée. Au début je ne l'avais pas vu, j'étais passé à côté et en continuant la route je m'étais retrouvé dans une impasse. Je suis donc revenu sur mes pas pour voir qu'effectivement il y avait un autre chemin. Si je ne l'avais pas vu la première fois c'est que d'abord il y avait une barrière pour empêcher les voitures de passer, que l'on pouvait contourner à pied où en vélo, et de toute façon vu la gueule de la route, je ne pensais pas que beaucoup de voiture voudraient s'aventurer par là. C'était plus un enchaînement de dunes de sables qu'un véritable chemin.
Je sentais que j'allais en chier sur les prochains kilomètres, mais je ne pouvais pas vraiment les contourner, car un détour me ferait perdre beaucoup trop de temps. Du coup je me suis lancé.
En traversant ces 10km de sables, je me suis rappelé qu'il m'était arrivé quelque chose de similaire dans mon périple précédent entre Brisbane et Sydney. Peut-être étais-je destiné à affronter ce genre d'épreuves à chaque périple ?
Cette fois le chemin était plus intéressant, car je pouvais voir plein de 'petits' lézards d'une trentaine de centimètres s'échapper dans les buissons alentours en me voyant approcher. De plus, j'ai vu de grosses traces de pattes appartenant probablement à un Goanna plus gros que celui que j'avais observé à côté de Newcastle.
Je pouvais de temps en temps rouler dans l'herbe sur le côté, mais au final j'ai quand-même mit plus de deux heures à faire ces dix bornes. Et ça n'arrangeait pas vraiment mon temps de parcours.
Après être sorti des dunes sableuses, je me suis retrouvé sur une route goudronnée bien propre où j'ai pu avancer à une vitesse de 15/16 km/h. Même si c'était plutôt sympa, je savais pertinemment que je ne pourrais pas arriver à mon camping prévu ce soir, néanmoins il fallait que je fasse le plus de chemin possible pour raccourcir l'étape du lendemain, qui allait prendre la place d'une journée de repos.
Malgré le fait d'être pressé, je me suis tout de même permis un arrêt au “French narrows”, d'où j'ai vu d'énormes vagues au loin derrière une bande de dunes.
Je suis ensuite arrivé dans la ville de Marlo, que j'ai malheureusement traversé sans trouvé aucun endroit où camper. Alors que la nuit commençait à tomber, j'ai donc continué ma route pour rejoindre la ville suivante : Orbost.
J'ai bien foncé, mais je suis quand-même arrivé après la nuit tombée. Je suis allé au camping municipal, qui par chance était à l'entrée de la ville, mais évidemment, à 20h, l'accueil était fermée. Sur un panneau j'ai vu qu'il était indiqué qu'en arrivant tard on pouvait toujours aller se poser dans les parties “unpowered” et payer le lendemain à 9h. J'ai donc été m'installer, mais malheureusement mes épreuves de la journées n'était pas finies pour autant.
En effet, avant de pouvoir planter ma tente il me fallait la réparer. Il faisait noir et je n'avais pas vraiment le temps ni l'envie de faire une vraie réparation, j'ai donc pris une sardine en guise d'attelle, entouré l'arceau d'une tonne de scotch, et ça l'a fait.
J'ai pu enfin mangé, et m'endormir, comme d'habitude, sans trop de difficultés.
Les chiffres de l'étape: 120 km, en 10h21 effectif, soit une moyenne de 11,6 km/h.
Étape 11: Mardi 25 Octobre 2016
Je me suis réveillé vers 7h30, une grasse mâtinée en somme. J'ai ensuite profité d'être dans un vrai camping pour aller prendre une douche, quelque chose que je n'avais pas fait depuis près de deux semaines.
Puis j'ai tranquillement rangé ma tente et mes affaires, avant d'attendre l'ouverture de l'accueil. J'aurais pu très facilement partir sans payer, mais ça n'aurait pas été très honnête.
Avant de rejoindre la route que j'aurais dû faire la veille, je suis passé faire des petites provisions à FoodWorks, puis c'est parti pour de la belle route goudronnée. Ça roulait assez bien, mais je sentais que mes jambes étaient encore plutôt fatiguées.
J'ai ensuite quitté la highway pour prendre une route de forêt grâce à laquelle j'ai rejoint mon camping à côté de la plage.
Une fois arrivé, j'ai d'abord commencé par réparer véritablement ma tente avec la même technique que la dernière fois. J'en ai profité pour préparer des pièces d'avance, pour une éventuelle nouvelle casse. Oui, je sais, j'aurais sûrement dû faire ça aussi la dernière fois.
Après cette réparation, le plus important est arrivé, aller me reposer en me prélassant sur la plage.
Les chiffres de l'étape: 36 km, en 2h45 effectif, soit une moyenne de 13,1 km/h.
Allongé dans le sable, je me rendais bien compte que j'étais physiquement bien cassé, et à ce moment là je tenais principalement au mental, qui par contre lui était bien à fond. Je savais que la route allait encore être très dure, et extrêmement éprouvante, donc je comptais principalement sur ma force psychologique pour arriver à dépasser la fatigue et la douleur physique, et me permettre d'affronter les montagnes et les différentes épreuves qui se dressaient encore entre moi et Melbourne.
C'était évidemment plus facile à dire qu'à faire, mais j'avais bon espoir. Et c'était le plus important, car pour réussir quoi que ce soit, il faut déjà commencer par y croire, et croire en soi.
Allez, @ la prochaine,
et Bon vent
Yann