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Yann en Solo - L'Aventure Australienne - Péripétie 2


Ce mercredi matin en quittant l'auberge de la Funk House à Sydney, je n'étais vraiment pas sûr de ce que je m'apprêtais à aller faire dans les Blue Mountains. J'avais une idée de certains lieux où je voulais aller, préparé un peu de nourriture et des équipements de survie, mais le projet global restait un peu flou.

Après avoir mis mon vélo et mes affaires dans un entrepôt où j'avais loué un box, je suis parti en train jusqu'à Katoomba, le lieu des célèbres ''Three sisters''. C'est une formation rocheuse très particulière et beaucoup plus imposante que je me l'étais imaginé.

Je suis ensuite parti pour une plus grande randonnée, vers le 'Ruined Castle' et le Mont Solitary. Comme il est de coutume, je suis arrivé à Katoomba plus tard que prévu. Quand j'ai commencé mon trajet il était déjà plus de 17h, et donc une heure et demi plus tard la nuit tombait..

J'ai traversé des chemins escarpés, constitués de rochers, en avançant en semi-escalade, dans une semi-obscurité. C'est en rentrant dans la forêt où j'ai commencé à vraiment voir que dalle que je me suis décidé à m'équiper de la lampe frontale.

Si j'ai attendu le dernier moment pour la sortir, c'est que je ne voulais pas attirer l'attention, ne sachant pas si il était 'autorisé' d'arpenter ces routes de randonnées la nuit. Je me suis rendu compte au bout d'un moment que c'était un peu con de penser ça, parce que personne ne s'amuserait à me poursuivre aussi loin dans le parc juste pour cette raison.

Vers 19h, je suis arrivé au pied du Mont Solitary, qui n'est pas vraiment une montagne mais plutôt un plateau, comme la plupart des sommets des Blue Mountains. J'ai décidé de camper là, préférant faire l'ascension de jour.

Il y avait quelques structures d'anciens feux de camp, malgré l'interdiction d'en faire dans le parc national. Je me suis enfoncé un peu plus dans les bois pour trouver un bon emplacement où installer mon hamac et la bâche au-dessus, censée me protéger du vent et de la pluie. Heureusement le ciel était dégagé, car je me suis rendu compte que la bâche était plus petite que je ne le pensais, et ne protégerait pas entièrement mon hamac si il pleuvait...

J'ai mangé quelques amandes avant de me coucher. J'avais prévu un minimum de bouffe : environ 500g d'amande, 6 barres muesli pour mes six petits déjeuners prévus et du riz à faire cuire.

La nuit était fraîche, et le vent qui passait en dessous du hamac ne m'aidait pas vraiment à me réchauffer, malgré le fait que je dorme habillé dans mon sac de couchage (prévu pour être confortable à une température de 15ºC..). Il faut aussi dire que le mince tissu de mon hamac n'est pas vraiment idéal en tant qu'isolant thermique.


En bref, cette première nuit n'a pas été super géniale, surtout que je ne trouve pas confortable de dormir dans un hamac. Je ne sais pas si c'est par manque d'habitude, parce que mon hamac n'est pas terrible, où si c'est simplement un fait. Toujours est-il qu'en me réveillant ce matin du jour 2, j'étais au final toujours aussi fatigué. Voir plus. Néanmoins, le fait qu'il commence à pleuvoir m'a motivé à me lever et à ranger toutes mes affaires.

J'ai mangé ma petite barre muesli, et suis parti monter le Mont Solitary, en solitaire. J'ai fait un léger détour par le 'Ruined Castle'. Malgré le nom, c'est en réalité une formation rocheuse qui de loin peut ressembler à un château en ruine.

La vue du haut du 'château' était vraiment sympa, même si la pluie et les nuages qui couvraient une grande partie de la forêt et des montagnes ne me laissaient qu'entrevoir le paysage. Mais pour arriver jusque là il a fallu le mériter, car le chemin pour y aller n'était pas facile. En effet, il n'était pas balisé, pas entretenu, et de nombreux obstacles se dressaient sur la route. Il y avait donc pas mal d'escalade, et c'était d'autant plus difficile avec la pluie qui rendait les prises un peu glissante.. Mais pour moi ça valait véritablement le coup.

Le trajet redescendait un peu avant de commencer la véritable ascension du Mont Solitary. Là aussi il y avait quelques moments d'escalade, mais le plus dur était surtout que la route à prendre était beaucoup moins claire. Après, avec du bon sens et en suivant son instinct on trouve toujours la voie.

Je me suis enfin retrouvé sur le plateau, qui comme son nom l'indique est beaucoup plus plat. Et en continuant ma route je suis arrivé au Chinaman's Gully. Une 'gully' est une formation rocheuse créée par l'écoulement de l'eau concentrée sur une rigole particulière, un peu comme les rivières en montagne. On peut le traduire en français par 'ravine'.



Dans ma 'préparation' de cette aventure, j'avais émis l'hypothèse que je pourrais camper et 'survivre' autour de cette endroit. J'ai trouvé une large cave peu profonde, à l'abri de la pluie où je me suis installé. J'ai mangé quelques amandes pour le déjeuner, puis j'ai préparé un 'lit' pour la nuit, directement sur le sol. Je ne voulais pas redormir dans la même configuration que la veille, parce que premièrement il pleuvait et la bâche ne me protégerait pas assez, et ensuite avec le vent qui devenait de plus en plus fort, dormir sous des arbres dont les branches pouvaient lâcher à tout moment, ça ne me semblait pas super sûr.

J'ai donc récupéré des feuilles mortes pour me faire un matelas, que j'ai recouvert avec ma bâche. Grâce à ça, ma nuit serait assez confortable, et l'isolation thermique vraiment mieux qu'avec un hamac. À côté se trouvait l'emplacement d'un ancien feu de camp, à l'abri dans la cave. J'ai donc été chercher un peu de bois sec pour pouvoir essayer d'avoir un feu dans la soirée.


Mon véritable souci à ce moment était l'eau. En partant la veille, j'avais pris avec moi une bouteille de un litre, et même si je ne bois pas forcément beaucoup, elle commençait quand-même à se vider. J'avais prévu de pouvoir remplir ma bouteille avec mon filtre à eau, mais il me fallait encore trouver de l'eau. Grâce à la pluie, qui soyons honnête ma rendu la tâche de faire un feu bien difficile, j'ai pu trouver quelques flaques d'eau formées dans quelques cavités rocheuse. J'y ai aspiré un peu d'eau à travers mon filtre. Puis en explorant un peu le coin pour y trouver des insectes, des vers ou d'autres trucs qui pourraient rendre mon repas plus consistant, j'ai trouvé un plus gros point d'eau où j'ai pu en récupérer grâce à mon seau pliable de 10L. J'aime vraiment beaucoup tout ce qui est pliable et ne prend pas beaucoup de place. Avec cette eau, j'ai pu remplir ma bouteille en aspirant d'abord l'eau dans ma bouche avant de la reverser dans la bouteille. C'est un procédé un peu long et fastidieux, mais que je préfère à l'alternative de devoir boire à ma bouteille à travers le filtre.


L'eau n'était donc plus un problème, mais pour la bouffe c'était une autre histoire. Sûrement à cause du temps et du froid, parce qu'on était encore qu'au début du printemps et en montagne, je n'ai rien trouvé à manger. Pour tout vous dire, j'ai vu trois termites, deux moustiques, deux magpie et un wallaby. Heureusement que j'avais toujours du riz..

Malheureusement, je n'ai pas était capable d'allumer mon feu. Déjà parce que l'atmosphère était bien trop humide, que je n'avais pas vraiment trouver d'amadou, et finalement que mes allumettes étaient pourries..

Là je commençais vraiment à m'en faire, ça voulait dire que je devrais me contenter seulement de mes amandes.. Je ne pouvais pas rester camper ici plus longtemps, je ne survivrai pas. J'ai donc décidé que le lendemain je partirai pour Katoomba. Par contre, pas en reprenant le chemin d'où je venais, ce serait pas marrant, mais plutôt en continuant la boucle et en redescendant de l'autre côté du plateau. Après avoir étudié le trajet sur ma carte, je savais que j'allais devoir m'arrêter une autre nuit dans le parc avant d'atteindre la ville le matin suivant, il fallait donc que je rationne ma nourriture, même si du coup je pouvais mieux répartir mes cinq barres muesli restantes.

J'avoue que je me suis demandé à un moment pourquoi je faisais tout ça. Et vous aussi peut-être ? La fatigue, dû à une nuit froide et difficile, le manque d'énergie à cause de mes faibles rations alimentaires, et ma journée de marche et d'escalade, ainsi que le temps pourri... Tout ça venaient entraver ma volonté de continuer, surtout quand je n'avais rien de vraiment prévu, et pas de réel but. Avec le recul, je pense que c'était une bonne chose, car ça m'a réellement mis dans une mentalité de 'survivant', qui doit coûte que coûte trouver la force et la volonté d'avancer. Et c'est quelque chose que l'on peut vraiment retrouver dans la vie de tout les jours, où il faut trouver sa voie, ce qui nous motive, et garder la foi en ce que l'on fait.

Le fait d'avoir maintenant un but plus précis, celui de me rendre à Katoomba par le chemin que je m'étais tracé, m'a vraiment remotivé et a ranimé en moi le sens de l'aventure !

Après encore une fois un repas fait de quelques amandes, agrémenté d'une barre muesli, je me suis couché sur mon lit de fortune. La nuit était un peu fraîche et venteuse, mais au moins l'isolation thermique était meilleure, et le sol, bien que dur, était beaucoup plus confortable que le hamac.



Le lendemain je suis donc parti pour une journée de marche, encore une fois avec seulement une barre muesli en guise de petit déjeuner. Le vent de la nuit passée avait poussé les nuages, me laissant maintenant une vue dégagée sur le parc alors que je longeais les falaises le long du plateau. La route a monté pendant quelques kilomètres, puis au bout d'un moment j'ai vraiment eu une énorme envie de chier.

Pour ceux qui l'ignore, voici les règles de bases dans cette circonstance : faites un trou pour pouvoir enterrer votre caca, n'utilisez pour vous essuyer que des produits naturels et biodégradables, comme des feuilles, et la dernière règle très importante est de faire son affaire assez loin de tout point d'eau, pour ne pas la polluer.

Peu après ce moment de communion avec la nature, j'ai pu apercevoir rapidement deux gros perroquets noir avec du jaune pâle sur la queue. C'est à peu près à ce moment là que deux choix d'itinéraires se sont présentés à moi, sachant que comme c'était le cas depuis le début de cette randonnée, aucune direction n'était vraiment indiquée. Même si le chemin de droite semblait descendre, et que c'était ce qui semblait logique de faire étant donné que je souhaitais redescendre du Mont Solitary, j'ai choisi d'aller vers la gauche et de suivre la crête le long de la falaise, tout en escaladant les monticules rocheux sur la route. Tout simplement parce que ça avait l'air plus marrant.

Au bout d'un moment je me suis quand-même demandé si j'avais pas fait une erreur, et si au bout de cette route il y aurait un moyen de descendre ou si je devrais refaire tout le chemin à l'envers. Au final j'ai balayé assez vite cette idée, parce que la route était cool et me permettait de voir des paysages vraiment magnifiques.

Je suis finalement arrivé à la pointe, et après ça le chemin redescendait de façon très abrupte. Mes genoux et mes mollets ont bien pris pendant cette descente qui a duré pas mal de temps, il faut dire que je prenais une dénivelé d'à peu près 400 mètres en l'espace d'environ 700 mètres.

Après ça le chemin était un peu plus simple. Je suis arrivé face à la rivière Kedumba, large d'environ dix mètres, mais pour la traverser il n'y avait pas de pont, enfin.. En longeant un moment la rivière j'ai pu trouver un arbre qui m'a permis de passer sur l'autre rive. Le problème était à présent de retrouver où pouvait passer le chemin, qui je le rappelle encore une fois, n'était ni balisé ni même tracé. La seule façon de le discerné était par le fait que d'autres personnes étaient passées par là.


J'ai suivi un chemin le long de la rivière, mais au bout d'un moment j'ai eu un doute, celui que j'étais peut-être en train de suivre un passage fait par des animaux. J'ai donc vérifié où j'étais grâce à l'application GPS de mon téléphone, et en pointant les coordonnées sur mon application de carte ''maps.me''. C'est une application de carte hors-ligne vraiment très pratique, qui a une fonction GPS, mais le pointage à l'aide de l'autre application est plus précise et utilise un peu moins de batterie.

J'ai ainsi vu qu'effectivement je ne me dirigeais pas sur la bonne route. Je devais remonter sur la crête, donc plutôt que de refaire tout le tour j'ai décidé d'escalader le versant qui n'était pas si abrupte et dont le sommet n'était qu'à une centaine de mètres. Ainsi j'ai retrouvé la route qui m'a amené à la sortie de ce chemin de randonnée, vers un autre beaucoup plus simple et plus facile d'accès. Pour cause, c'était une gravel road qui servait d'accès pour la gestion du parc par les rangers.

J'ai déjeuné à ce croisement, en faisant attention de bien rationner mes amandes, et j'ai repris la route. J'ai passé la petite rivière de Jamison Creek en trouvant également un petit arbre tombé sur le côté. Quand je vous disais que le vent était assez violent par ici et que je ne trouvais pas prudent de dormir en dessous je ne disais pas ça comme ça, sur toute la durée de ma randonnée j'ai vu partout des branches et des arbres étalés sur le sol.

Il est à noter que c'est à ce passage de rivière que j'ai vu la première personne de la journée. Le parc n'était pas très occupé à cette période de l'année, et je n'avais jusque-là croisé qu'une autre personne la veille, alors qu'elle faisait l'aller-retour de Katoomba au Mont Solitary.

C'est au passage de la rivière suivante, Leura Falls Creek, que j'ai décidé qu'il était temps de trouver un endroit où faire mon campement pour la nuit. Je me suis écarté de la route, mais comme je sais que je ne suis pas un expert en orientation dans le 'bush', j'ai simplement suivi la rivière car je savais que ce serait facile le lendemain de la remonter pour retrouver mon chemin.

J'ai trouvé un petit coin sympa, près de l'eau, où j'ai installé mon hamac et la bâche. J'ai rechargé ma bouteille d'eau, mangé mes dernières amandes, et me suis mis au lit en me préparant mentalement à passer la nuit.


Affronter des moments de ce genre ont vraiment mis à l'épreuve ma patience et ma résistance physique et psychologique, mais m'ont aussi fait prendre conscience que je n'ai pas trop de 'souvenirs' de la douleur et des 'mauvais moments'. C'est à dire que bien que les nuits jusqu'à présent étaient longues, froides et dans l'ensemble assez horribles, mais une fois passées je m'intéressais à autres choses et commençais la nuit suivantes sans trop de préjugés et d'assentiments. Ce 'pouvoir de déni' peut être assez sympa dans ces cas-là.


Comme prévu, la nuit fut aussi agréable que les précédentes, mais deux choses m'ont mis de bonne humeur en me levant ce matin là. La première est que tout en mangeant ma dernière barre muesli, je me disais que d'ici quelques heures j'allais pouvoir manger des choses beaucoup plus consistantes. Ensuite, je venais de finir ma troisième nuit dans les Blue Mountains, ce qui signifiait que j'avais déjà 'survécu' la moitié de mon aventure.

J'ai repris la route, mais malgré ma motivation la fatigue accumulée de ces derniers jours me rattrapait. J'ai mis une petite heure à atteindre le bas des escaliers qui menaient vers Katoomba. En montant les marches, de manière plutôt lente je dois l'avouer, j'ai pu réellement ressentir l'expression 'ne pas avoir les yeux en face des trous', et c'est une sensation assez étrange.

Au final, j'aurais mis une autre heure à remonter les 1286 marches. Je m'arrêtais de temps en temps pour admirer les cascades (dont la ''Marguerite Falls'' ci-dessous), les perruches et les paysages derrière moi. Je me suis dirigé vers le centre ville et acheté des provisions plus conséquentes pour les trois prochains jours à passer dans les Blue Mountains. J'ai donc pris des conserves de haricots blancs, des sardines, des carottes, un sachet de mixe de noix et des barres muesli pour le petit déjeuner. J'allais vraiment me mettre bien pour ces derniers jours.


Je suis ensuite redescendu par les mêmes marches, en essayant de ne pas penser au fait de devoir les remonter d'ici quelques jours, tout en cherchant un endroit où j'allais pouvoir faire un campement pour ces prochains jours. Évidemment, le terrain aux abords des escaliers était beaucoup trop abrupt pour m'y échapper et aller camper.

Comme souvent, la descente s'est faite beaucoup plus rapidement que la montée, et avant que j'ai le temps d'y penser j'étais déjà en bas. J'ai continué la route, pris le chemin non balisé par lequel j'étais arrivé, et après un court instant j'ai repéré cette petite cascade asséchée qui passait au travers du chemin. J'ai décidé de la suivre pour voir où elle me mènerait, en ayant dans l'idée qu'elle m'emmènerait jusqu'à une vraie cascade.

Effectivement, au bout d'un moment, après un peu d'escalade, je me trouvais dans un endroit vraiment sauvage, en bordure de la cascade de Leura Falls Creek (oui, la même à côté de laquelle j'avais campé la nuit précédente).


Il me fallait maintenant trouver l'emplacement idéal où faire mon camp, surtout que j'avais dans l'idée que comme je comptais rester ici mes trois prochaines nuits, je ne voulais pas dormir dans le hamac que je trouvais toujours très inconfortable.

J'ai trouvé ce rocher qui semblait sympa, avec en plus un terrain plat à côté, et vu l'endroit où je me trouvais c'était vraiment du luxe. Je me suis allongé sur le rocher qui avait de la mousse et n'était pas si mal, tout en imaginant comment j'allais installer ma bâche. J'ai trouvé un morceau de bois que j'ai réussi à caler d'un côté dans un gros rocher et que j'ai fixé à un arbre de l'autre côté. Puis en me remettant sur mon rocher je me suis rendu compte que dormir dessus allait quand-même être assez dur et que je risquais même de me péter la gueule. J'ai alors entrepris de me construire un lit. Ouais, comme un vrai aventurier !


J'ai récupéré deux longs morceaux de bois droits que j'ai posé sur mon rocher, en réussissant à les caler et à les mettre à peu près de niveau. Je suis ensuite parti à la recherche de morceaux de bois assez droits et solides, mais plus fins, afin de faire les lattes de mon sommier de fortune. Je les ai fixés grâce à des nœuds de construction de branches en angles droits. Ça a l'air badass comme ça, mais au final il faut juste savoir faire le nœud constrictor et tourner la corde autour des branches.


Je n'ai pas fixé toutes les lattes, non pas parce que j'avais la flemme, mais parce que j'avais pas assez de ficelle de cuisine.. Voyant le coup venir, j'ai fixé les branches les plus importantes, seulement d'un côté, et placé les autres entre les lattes maintenues. Ça a fait l'affaire.


Ensuite, j'ai été chercher des petites branches feuillues pour me faire un matelas, que j'ai ensuite recouvert avec la toile de mon hamac pour les maintenir. Après les mauvaises nuits que je venais de passer, c'était vraiment un lit luxueux.


J'ai ensuite installé la bâche à une hauteur qui me permettait de vraiment fermer mon abri pour la nuit. Bon, pas de façon hermétique, et avec des grosses entrées à l'avant et à l'arrière, mais tout de même c'était une grosse avancée qui allait me permettre de me protéger du vent plus efficacement, et de mieux garder ma chaleur.

J'ai complètement fermé un côté, en fixant la bâche au sommier, et également fixé l'avant de la bâche de l'autre côté. Après un bon repas de haricots blancs à la tomate avec 'goût de jambon', et quelques noix, j'ai passé ma meilleure nuit dans les Blue Montains jusque-là. J'irais même jusqu'à dire que c'était une bonne nuit. Le lit était confortable, et je n'ai pas eu froid. Du moins avant que l'aube n'arrive, car c'est le moment où l'humidité et le froid tombent, et que le vent se lève.


J'ai fait une petite amélioration de mon campement, en fixant un long morceau de bois le long de la bâche ouverte, permettant ainsi de laisser ouvert cette partie dans la journée à l'aide de deux autres branches. Et grâce au poids du morceau de bois, la bâche restait fermée la nuit sans avoir besoin de la fixer au sommier. En plus d'être pratique, je trouvais le rendu assez classe. Bon, j'avoue que c'est peut être accentué par le fait de l'avoir construit moi-même. C'est marrant comme ces petites choses peuvent être très satisfaisantes.


Avant d'avoir cet abri assez chaud, j'avais réfléchit à plusieurs solutions pour passer des nuits moins froides. J'avais pensé à faire un feu sous le hamac pour ensuite laisser les braises me réchauffer. Mais n'ayant pas réussi à faire de feu j'avais laissé tomber cette idée. La deuxième était beaucoup plus simple. Je l'avais lu dans l'autobiographie de Bear Grylls, dans la partie où il raconte son ascension de l'Everest. Dans sa tente, il dormait avec deux bouteilles : une pour boire, et une pour pisser. La pisse était environ à la température corporelle, il se servait ensuite de la bouteille de pisse pour se réchauffer. Ce que j'ai essayé, et ça marche plutôt bien.


Le reste de la journée je me suis baladé autours de mon campement, et en passant la cascade j'ai un peu glissé et mes pieds se sont retrouvés dans l'eau. Pas cool...

J'ai taillé des petites pinces à linge de survie, et étendu mes chaussettes et mes chaussures sur une corde. Je n'aimais pas trop l'idée de m'aventurer dans le coin pied nu, car même si il faisait un peu trop froid pour que les bestioles soient dehors, je n'avais pas non plus hyper confiance.


Cette avant dernière nuit fut encore mieux que la précédente, car il n'y avait vraiment pas trop de vent. Par contre, le vent a commencé à souffler dans la matinée et n'a pas arrêté de la journée. D'un côté c'était pas mal pour sécher mes chaussettes et mes chaussures. Je suis resté toute la journée dans mon campement, à méditer et réfléchir à mes différents projets. Puis la nuit est arrivée, avec le vent qui soufflait toujours aussi fort. Ma dernière nuit dans les Blue Mountains n'allait pas être de tout repos, et me réservait également d'autres surprises...

Alors que je commençais à somnoler, j'ai entendu des bruissements dans les feuilles près de moi. Celles que j'ai utilisées pour boucher les trous du côté où j'ai fermé la bâche. C'est également le côté le plus 'sauvage', où rien n'est nettoyé, avec plein de branches et de feuilles par terre. En gros un endroit où les bestioles peuvent facilement se camoufler.

Au moment où j'ai entendu ce bruissement je me suis réveillé d'un coup. Un flot d'adrénaline a parcourus mon corps et tous mes sens se sont mis en alerte alors que je restais immobile, à essayer de réentendre le bruit. D'une part, je voulais être sûr de ne pas l'avoir imaginé, et également je voulais essayer de localiser sa provenance.

Le bruissement s'est refait entendre. La peur commençait à s'emparer de moi alors que je commençais à imaginer qu'un serpent se faufilait dans les branches autour de moi. Et très vite, la panique est arrivée, me faisant imaginer tout ce qui pourrait se passer. Mais tout aussi vite, j'ai repris le contrôle, en réfléchissant avec sang-froid et de la manière la plus réaliste que je le pouvais aux différents scénarios possibles.

Dans ces moments de stress intenses, j'essaie toujours de me tenir à deux credo : ''Même si le danger est bien réel, la peur reste dans la tête'' et ''toujours espérer le meilleur, mais se préparer au pire''. Et je suis très satisfait d'avoir réussi à passer cette épreuve en 'condition réel'.


J'imaginais donc que c'était un Tiger snake, ce dont je redoutais le plus. J'avais entendu dire qu'à l'inverse des autres serpents, et de la plupart des animaux qui s'enfuiraient en présence d'un humain, le Tiger snake suit le précepte de Jet Li : ''La meilleur défense est l'attaque''. Ce serpent a donc tendance à être très offensif, allant jusqu'à poursuivre la personne qui le dérange. Ensuite il se dresse et attaque de manière répétée sa victime, la laissant mourir d’hémorragie..

Bon, pour relativiser, c'est une personne que j'ai rencontré dans un camping qui m'a raconté ça, et il est possible que ce soit un peu pour m'effrayer car en faisant des recherches sur internet je n'ai rien trouvé qui atteste tout ça. En tout cas pas totalement, car il est vrai que ça reste un serpent offensif qui n'aime pas être dérangé sur son territoire, surtout l'été quand il est en période de reproduction. Là, j'étais au début du printemps, en montagne, et il faisait un peu trop froid, donc je doutais un peu que ce soit un serpent. Mais quand même..

Je réfléchissais aussi à mes possibilités de survie si jamais je me faisais mordre, et connaissant le chemin que je devrais prendre dans ce cas là, avant de trouver un poste de secours, cette perspective ne me rassurait pas vraiment. Je me trouvais véritablement face à un danger de mort, dans ma tête en tout cas.

Pendant un moment, je me suis dit que la meilleure solution serait d'attendre que l'animal parte de lui même, mais je commençais à imaginer le possible serpent se faufiler près de moi, pour se mettre au chaud par exemple, et l'idée ne me plaisait pas vraiment...

J'ai donc pris mon courage à deux mains et allumer ma lumière pour faire face au danger, quel qu'il soit. J'ai également sauté hors de mon campement, attraper mon chapeau et un bâton. J'avais réfléchi à la meilleur façon d’appréhender un serpent, et l'idée de me protéger de l'attaque d'une morsure de serpent grâce à l'intérieur de mon chapeau, en l'utilisant comme un gant de base-ball, me semblait la meilleure idée. J'ai éclairé tout autours de mon campement, et à l'aide de mon bâton je tapais un peu partout, faisais tout bouger pour éventuellement faire sortir ce qui se trouvait par là. Quoi que ce fut, c'était effrayé, ne bougeait pas et était très bien camouflé...

J'ai attendu un moment, en éloignant la lumière de mon campement car je m'étais dit que la créature aurait sûrement moins peur comme ça, et partirait peut-être. Pendant ce temps je réfléchissais aux différentes possibilités que j'avais : retourner me coucher dans mon campement, en espérant que la bestiole se soit tirée, ou ranger toutes mes affaires et retourner directement à Katoomba pour passer la nuit dans un parc en attendant de reprendre le train pour Sydney le lendemain.

Aucune des solutions ne me plaisait vraiment, car remonter la cascade asséchée de nuit pouvait également me faire tomber face à des choses que je ne verrai pas venir. Je décidais donc de retourner me coucher, tout en laissant ma bâche ouverte pour ne pas être complètement dans le noir.

J'attendais le levé du jour, pour pouvoir me tirer, avec une impatience comme jamais je n'en avais ressenti jusque-là. Ma patience et mon calme ont vraiment été testés à leur limites.

Pour m'aider à me calmer, je suis allé me réfugier 'dans ma tête'. Un endroit où je contrôle tout. Je suis parti à imaginer une histoire assez intéressante, basée sur des loups garous, mes créatures fantastiques préférées, et sur des souvenirs d'histoires de ma jeunesse que l'on créait mon frère, ma sœur et moi. C'était peut être un moyen de mon subconscient pour essayer de me rassurer. Et ça a marché, car je me suis calmé. Ce qui est intéressant également, c'est qu'il y a de bonnes idées dans ce que j'ai imaginé, et c'est une très bonne base pour un nouveau projet. Quand vous en entendrez parler vous saurez dans quelles circonstances est née cette histoire.

J'ai ré-entendu le bruissement, mais cette fois j'ai distinctement entendu quelque chose qui léchait mes boîtes de conserve vides que j'avais virées par terre lors de ma fouille autours du campement. Ça m'a grandement rassuré, en me disant qu'un serpent ne ferait jamais ça, et qu'il devait très certainement s'agir d'un rongeur ou d'un opossum. Le coup de grâce a été donné quand je l'ai entendu faire son petit cris. J'étais sauvé.


Avec toutes ces émotions, et l'adrénaline toujours présente, j'avais tout de même du mal à trouver le sommeil. Surtout que le vent soufflait vraiment de plus en plus fort. J'entendais les arbres craquer et des branches tombaient autours de moi. J'espérais vraiment de toutes mes forces que rien ne me tombe sur la gueule. J'ai repensé à ce jeune allemand que j'avais croisé dans la rue juste avant de venir dans les Blue Mountains, alors qu'il récoltait de l'argent pour une œuvre caritative chrétienne quelconque. Il m'a dit que lorsqu'il était en Nouvelle-Zélande, il a vécu des choses qui lui avaient fait trouver la foi. Personnellement, j'avais beau y penser, l'idée d'un mec qui aurait créer tout l'Univers et chapeauterait tout ça me paraissait toujours aussi absurde. Je n'ai rien contre les gens qui croit à tout ça, mais même dans des situations aussi critiques que la mienne je ne pouvais pas trouver cette foi. Par contre, pour moi, un moyen psychologique de me rassurer a été de 'parler', ou 'prier', les esprits et dieux de la nature, et du vent. Ça paraît tout aussi absurde, mais c'est plus proche de mes idéaux et ça a au moins le mérite de m'apaiser.

Par la suite j'ai réussi à dormir un peu, et dès les premières lueurs du jour j'ai commencé à plier bagage, en laissant ma structure au cas où une personne dans le besoin passerait par là.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais ce matin-là j'avais vraiment plein d'énergie, et j'étais plein de vie. C'était peut-être dû à la sensation d'avoir en quelque sorte échappé à la mort. Surtout qu'après avoir remonté la cascade asséchée et retrouvé le chemin, je voyais sur la route pas mal d'arbres et de branches tombés qui n'étaient définitivement pas là la dernière fois que j'avais fait ce trajet. Je me sentais chanceux que rien ne me soit arrivé.


J'ai monté les marches jusqu'à Katoomba assez rapidement, et c'est en réalité cette fois ci que j'ai compté qu'il y en avait 1286. Une fois arrivé en haut, il était à peine 8h30, et je trouvais qu'il était un peu trop tôt pour déjà prendre mon train pour rentrer à Sydney, surtout qu'un panneau m'indiquait la direction d'un point de vue de la Leura Falls. Comment y résister !


J'y suis donc allé, et sur le chemin j'ai pu avoir une vue imprenable sur le parc, le Mont Solitary et tout le chemin que j'avais pu faire à travers la forêt. Puis j'ai continué jusqu'à la Gordon Falls, qui me faisait penser au Commissaire Gordon, le pote de Batman, et par extension j'ai pensé à tout mes amis en France. Ma famille et mes amis sont souvent avec moi en pensé. Et même si je n'étais pas complètement étranger à cette idée avant, mon expérience de 'survie' m'aura une fois pour toute démontré le pouvoir de l'esprit et l'importance de la force psychologique.

Comprenez bien que mon aventure est très personnelle, et totalement égoïste. Je n'ai rien a prouver à personne, et tout ce que je fais je le fais pour moi, parce que j'en ai envie. Mais toutes ces personnes qui m'attendent à la 'maison', me donnent une certaine motivation pour continuer à vivre mes aventures. Surtout dans le cas de péripéties comme celles vécues dans les Blue Moutains, tout ces gens à qui je tiens m'apportent la volonté de survivre, car je pense vraiment que mon aventure perdrait un peu de son sens si au final je ne pouvais pas la leur raconter.


Après tout ça, je suis simplement rentré sur Sydney, j'ai récupéré mon vélo et mes affaires avant de retourner à l'auberge de la Funk House où j'y resterai une semaine. Une semaine pendant laquelle je vais préparer ma prochaine péripétie : mon périple en vélo jusqu'à Melbourne !

En attendant je vous dit :

@ la prochaine,

et Bon vent

Yann


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