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Yann en Solo - L'Aventure Australienne - Péripétie 1, Partie 3


Après une petite journée de repos bien méritée (en tout cas c'est moi qui le dis), je suis reparti pour une nouvelle semaine d'aventures en vélo.

Le dimanche 4 septembre 2016, une nouvelle étape du voyage commençait.


Étape 5 : Dimanche 4 Septembre 2016


Me voilà parti pour une longue journée, mais heureusement la première partie de la route est plutôt plate, m'autorisant une vitesse moyenne entre 15 et 17 km/h. Je suis arrivé à la ville de Lismore bien avant mes prédictions, par contre à partir de là, la route est à nouveau devenue montagneuse jusqu'à Byron Bay.

En arrivant à l'extérieur de la ville, du haut des sommets je suis récompensé par la vue de la côte vraiment classe. Et en continuant ma route jusqu'au phare de Byron Bay, emblématique symbole du point le plus à l'est de l'Australie, je m'aperçois que pour l'atteindre je vais devoir monter une côte extrêmement pentue. Heureusement, le temps est sec et la route est en bitume, une chance que je n'aurai pas tout le temps lors de mon aventure.

Après un très long moment, à la vitesse la plus faible que me permet le vélo, je suis finalement arrivé au sommet, où j'ai croisé plusieurs personnes saluer mon “exploit”, y compris l'homme qui gérait le parking continuellement complet à côté du phare, avant de m'indiquer où je pouvais garer mon vélo.

Je me suis alors dégourdi les jambes en allant véritablement au “Easterly point in the mainland of Australia”, où je me suis arrêté pour déjeuner. Et ça me paraît un bon moment pour reparler des deux douzaines d'œufs durs que j'avais préparé en avance à Gold Coast. Autant ça avait été sympa quand j'étais parti faire du snowboard, autant dans un climat beaucoup plus chaud ça l'a beaucoup moins été.. Après quelques jours, les œufs ont commencé à s'écraser entre eux et à sentir bizarrement, même si au niveau du goût ça passait. J'ai tout de même dû faire une sélection pour ne garder que les meilleurs, ce qui fait que j'en ai finalement perdu une bonne quantité.

Conclusion: dans un climat chaud, et sans système de rangement adéquat, préparer autant d’œufs durs en avance n'est pas une bonne idée.



Des baleines sont passées près de la pointe, mais un peu trop loin pour pouvoir filmer quoi que ce soit d'intéressant avec ma GoPro. Par contre je me suis souvenu que j'avais des jumelles, et j'ai pu admirer ses magnifiques animaux.

Je ne suis pas resté trop longtemps, car ma journée n'était pas encore finie. Une trentaine de bornes me séparait toujours de mon camping. La descente depuis le phare a été beaucoup plus simple, et le reste de la route plutôt plat jusqu'à Lennox Head, un point de vue sympathique.

Je suis finalement arrivé au camping de Shelly's Dunes à Balina avant la nuit.


Les chiffres de l'étape: 109 km, en 8h06 effectif, soit une moyenne de 13,46 km/h.



Étape 6 : Lundi 5 Septembre 2016


Cette nouvelle journée a commencé tranquillement, sans trop de dénivelés, puis très vite j'ai expérimenté un nouveau type de route : la “gravel road”. Jusque là j'avais uniquement roulé sur de la route de bitume, pas toujours en super bon état mais tout de même. Comme son nom l'indique, la gravel road est une route de terre avec des graviers, des trous, des bosses... en bref, c'est une route qui secoue. Et en roulant plus de la moitié de la journée sur des chemins de ce type, j'ai pu avoir une bonne impression de la vibrante sensation que ça procure.

Ces routes étant souvent délaissées par les autres véhicules, j'ai pu entendre beaucoup de bruissement dans les buissons à mon passage. J'ai aussi pu voir un nouveau gros lézard.

Finalement, cette journée s'est finie par une route très “aventureuse”, et à plusieurs niveaux. Premièrement, c'était une sorte de raccourci proposé par Googlemap, qui passait au travers d'une forêt dont le tracé ne se trouvait pas sur mon application “maps.me”, donc une fois sur cette route je ne savais pas précisément quelle route prendre. Et deuxièmement la route en elle-même n'était vraiment pas facile, car c'était en réalité un petit chemin totalement défoncé par des 4x4, j'ai donc vraiment pu tester le vélo et la remorque en conditions difficiles.

Devant la difficulté de la route, je me suis plusieurs fois demandé si ce ne serait pas mieux de faire demi-tour, mais cela aurait pris trop de temps, et au final ça me paraissait parfois plus dur de faire le chemin en sens inverse.

Au beau milieu de la forêt, j'ai ensuite vu quelques Wallaby gambader, et un petit qui broutait le long de la route et qui a sauté dans le ventre de sa mère avant de se barrer. Un peu plus loin j'ai observer pour la première fois un Échidné. C'est une sorte de hérisson fourmilier avec un long museau. Celui-ci n'était vraiment pas farouche, et continuait ses affaires sans s'occuper de moi.

La nuit commençait à tomber, et j'étais toujours dans la forêt. Je me demandais si ce ne serait pas mieux de camper là pour la nuit, mais j'entendais des voitures et des camions de plus en plus fort, donc je m'approchais de la route. Je me suis retrouvé à un embranchement, où j'ai vraiment dû me fier à mon instinct pour choisir la bonne direction.

J'ai fait le bon choix car je me suis très vite retrouvé sur la route qui allait me mener quelques dizaines de mètres plus loin à mon camping pour les deux prochaines nuits.

Le camping était en réalité une aire de repos, mais rester pour la nuit était autorisé. Le seul problème était l'accès à l'eau potable.. Mais pour le moment j'en avais assez avec moi, ça allait être un problème pour le lendemain.

J'ai monté mon campement, tout en me rendant compte que j'aimais bien mettre en place ma tente, en réfléchissant à la position, à l'orientation.. Se créer un nouveau “chez soi”, dans un décors différent à chaque fois, était vraiment une sensation excitante.

Ce soir là j'ai voulu faire du feu, mais l'amadou que j'avais trouvé, des feuilles d'eucalyptus, n'était pas assez bon ou peut-être simplement pas assez sec, et le feu n'a pas démarré.


Les chiffres de l'étape: 86 km, en 7h08 effectif, soit une moyenne de 12,1 km/h.



Le jour suivant fut une journée de repos plutôt tranquille. J'ai réussi à faire du feu et j'ai fait bouillir de l'eau de pluie que j'avais récupéré pour la rendre potable. La règle est de faire bouillir l'eau pendant une minute si on est au niveau de la mer, et de rajouter une minute pour chaque palier de 300 mètres. Je ne savais pas exactement mon altitude, donc dans le doute j'ai décidé de laisser bouillir l'eau pendant 5 minutes.

En sachant que j'avais un filtre à eau, on pourrait penser que je me faisais un peu chier pour rien. Alors premièrement je trouvais ça marrant de tester cette méthode, ensuite, quelqu'un que je ne nommerai pas mais dont le prénom commence pas “Si”, a cassé une partie de mon système de filtre à eau : la pochette où l'on peut visser le filtre. C'est une partie utile si on veut filtrer une large quantité d'eau, genre pour remplir des bouteilles.

Après avoir fait bouillir l'eau pour la purifier, mes braises étaient sur le point de s'éteindre, mais en les utilisant à bon escient j'ai réussi à relancer un feu et à cuire du riz.



Étape 6,5 : Mercredi 7 Septembre 2016


En regardant le planning de la suite de mon voyage je me suis rendu compte qu'en refaisant l'itinéraire à Gold Coast j'avais effacé cette étape.. La remettre n'était pas un problème en soi, mais le décalage des autres étapes allait l'être.

Cette journée ne fut pas super intéressante. J'ai passé tout le trajet sur la même route monotone, doublé par des poids-lourds. C'est une bonne occasion pour parler d'un aspect du vélo dont on ne parle pas trop, et que j'appelle personnellement le phénomène de “mal'o'cucu”. À force de rester assis, à rouler sur du terrain plat, il arrive au bout d'un moment qu'une douleur arrive au postérieur. C'est d'autant plus accentué quand on porte un sac à dos bien rempli. Cette douleur qui s'accumule au fur et à mesure de la journée est une des raisons pour laquelle faire des petites pauses régulières est important.

La route a continué sur la même dynamique, et le seul moment un peu palpitant de la journée a été la crevaison de ma roue avant a quelques kilomètres de mon camping..

La roue avant est plus simple à réparer que la roue arrière, et de jour il n'y a aucun problème. Mon seul souci a été de réparer ma pompe qui était vraiment de la merde.

Pour changer, ce camping était une aire de picnic. Un mec qui avait l'air d'être le gardien était la seule autre personne se trouvant sur place. Il s'est approché avec son chien, et a vu une sorte de récipient du parc qu'il s'est mit à laver en disant "tient, c'est marrant que personne l'ait piqué ça".

On a discuté un peu, et il m'a dit que comme il a passé toute sa vie ici, il sait qu'on peut camper sur cet aire de picnic. Au moment de partir il a piqué le récipient qu'il lavait, et m'a dit qu'il allait s'en servir de gamelle pour son chien. Du coup j'ai eu un doute sur le fait que ce soit vraiment le gardien..


Les chiffres de l'étape: 64 km, en 4h47 effectif, soit une moyenne de 13,4 km/h.



Le lendemain, pour gagner du temps sur ma prochaine étape je suis allé faire des provisions à la ville de Grafton, à environ 13 km de mon campement. J'ai également acheté une éponge pour essayer de redonner à ma casserole sa brillance d'antan. Il faut dire que la cuisson à même le feu laisse pas mal de dépôt.

J'ai également acheté une bouteille d'eau d'un litre, assez flexible et dont le goulot est compatible avec mon filtre à eau, que je pouvais donc de nouveau utiliser efficacement.

En étudiant mon planning pour les jours à venir, je me suis rendu compte que le fait de rajouter l'étape 6,5 et de décaler les autres faisait que deux jours plus tard j'étais censé camper dans un stade de football. Le problème est que cela tombait maintenant un samedi, et comme c'était jour de match, on ne pouvait pas y camper le samedi.. J'ai donc rajouté un jour de repos pour temporiser mon arrivée.



Étape 7 : Jeudi 8 Septembre 2016


Je suis repassé par la ville de Grafton, où je me suis arrêté acheter une chambre à air pour remplacer celle que je venais d'utiliser. J'ai également acheté un petit kit de rustine, et une chambre à air pour la roue de ma remorque. Jusque là si il lui arrivait quelque chose je n'avais rien pour la réparer. Oui, j'aime vivre dangereusement... mais quand-même.

La route fut très rapide, et heureusement car encore une fois elle a été très monotone. Je suis arrivé à une station service/aire de repos. J'ai une nouvelle fois eu quelques doutes sur l'autorisation de camper là, mais comme il commençait à pleuvoir j'ai très vite monté ma tente pour me mettre à l'abri.

Par la suite pas mal de camping car se sont installés pour la nuit, donc je me suis dit que ça devait être bon.


Les chiffres de l'étape: 47 km, en 3h18 effectif, soit une moyenne de 14,2 km/h.


Le lendemain, en revenant des toilettes j'ai vu un panneau disant “Rest area - overnight stay is prohibited” (“Aire de repos – Interdiction de rester la nuit”), mais avec tout les gens qui le faisaient quand-même je me suis dit que ça devait être hautement toléré.

En revenant à ma tente j'ai fait la connaissance de Gégé, un kangourou du coin que j'ai nommé comme ça.



Étape 8 : Samedi 10 Septembre 2016


J'avais toujours un peu de mal à vraiment me lever tôt. Il faisait froid, et avec l'humidité je me suis gelé les mains à plier ma tente. Et dire que seulement deux heures plus tard, après avoir dit au revoir à Gégé, j'étais en train de crevé de chaud sous un ciel sans nuages..

Malgré une route assez longue, le trajet fut assez calme et plutôt rapide. Je suis donc arrivé en début de ce dimanche après-midi dans le petit stade de football de la non moins petite ville de Burdett.

J'ai d'abord été étonné par les “buts” de ce stade, constitués de quatre poteaux sans barres transversales. Mais depuis j'ai vu quelques match à la télé, et c'était en réalité un terrain de football australien.

J'ai fait connaissance avec deux locaux, un couple de kookaburra qui habitait un arbre près de mon campement. Mais je n'était pas seul à camper pour la nuit, car un camping car se trouvait également là, et un peu après la nuit tombée une voiture remplie de coréens est arrivée.


Les chiffres de l'étape: 88 km, en 6h02 effectif, soit une moyenne de 14,6 km/h.



Une nouvelle semaine de voyage s'est terminée, et le point important est que j'avais à ce moment fait la moitié du chemin me séparant de Sydney.

J'ai encore une fois vécu des moments sympa, mais aussi eu des journée qui semblaient longue par leur monotonie. Et même si on tendance à s'ennuyer pendant ce genre de journées, j'ai appris à les apprécier, car après ces quelques jours plutôt tranquilles, la fin du voyage n'allait pas être la même limonade...

Allez, je vous laisse une nouvelle fois avec la carte résumé de ces étapes, et vous dis

@ la prochaine,

et Bon vent

Yann

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