Yann en Solo - L'Aventure Australienne - Péripétie 0
Prologue :
Toute aventure a un commencement, et mon Aventure Australienne débute directement après celle que nous avons vécu en Nouvelle-Zélande avec les Bros Antoine et Simon.
Pour la résumer rapidement, après avoir travailler un moment dans les champs de kiwi du village de Te Kaha (où Antoine avait déjà passé quelques mois), nous sommes partis voyager autours du pays. De tout au nord de l'Île du Nord, jusqu'au Sud de l'Île du Sud, nous avons traversé des paysages aussi magnifiques que diversifiés : les dunes de sables géantes de Te Paki, les forêts et cascades des Fiordlands, le Parc National de Tangariro qui a servi de décors au Mordor, les majestueuses montagnes des Alpes du Sud, les côtes de la région des Catlins où l'on peut y voir des otaries et des lions de mer...
Une aventure vraiment sympathique, et je vous invite promptement à aller voir les photos et les vidéos de la Adventures Broduction pour en avoir un aperçu.
Après ce petit tour, Simon et moi sommes restés travailler à Christchurch, et nous avons dit au revoir à Antoine, qui avant de repartir pour la France voulait revoir son petit village de Te Kaha.
Nous avons travaillé quelques mois dans le domaine de la construction, un secteur qui offre beaucoup de possibilités à Christchurch car la ville est toujours en reconstruction suite au terrible tremblement de terre dont elle a été victime en 2011.
Et fin juillet, ce fut au tour de Simon de repartir pour la France, me laissant ainsi vivre mes prochaines aventures 'en solo'.
Avant de me rendre en Australie, j'ai profité de ma dernière semaine en Nouvelle-Zélande pour aller m'essayer au Snowboard. C'est quelque chose qui m'a toujours attiré, et que je n'ai jamais eu l'occasion de tester. En même temps, habitants près de la Bretagne, j'ai toujours été bien loin des montagnes, et je dois dire qu'étant petit je n'aimais pas beaucoup la neige. Mon unique expérience de sport d'hivers était d'avoir fait une semaine de skis, quand j'avais 9 ans... Autant dire que cette anecdote a beaucoup amusé les autres résidents de la station de skis néo-zélandaise où je suis allé, surtout lorsque je leur ai énoncé mon désir d'apprendre le snowboard tout seul, avec seulement l'aide de quelques vidéos tutoriels que j'ai regardé sur YouTube (je recommande la chaîne de SnowboardProCamp pour les personnes qui seraient intéressées).
La station en question était Temple Basin, près d'Arthur Pass dans les Alpes du Sud. Je l'ai choisi car elle n'était pas trop loin de Christchurch, où je résidais à ce moment là, et que sur le site on peut y trouver une citation d'un mec qui dit ''Si je devais faire du snowboard sur une seule montagne pour le restant de mes jours, ce serait à Temple Basin''. Plus tard, j'ai appris que c'était effectivement une des plus belle montagne, mais aussi une des plus difficile... Ce qui, vous pensez bien, ne fit que me rassurer pour l'apprentissage.
Mais avant d'en arriver là, ma première aventure a été d'arriver jusqu'à la station, car il faut le mériter. En partant ce matin là, j'étais chargé avec toutes mes affaires sur le dos. En effet, je quittais ma chambre en location à Christchurch et ne reviendrais dans la ville que pour prendre mon avion ers l'Australie. C'est donc avec environ 30 kg sur moi, réparti dans deux sacs, que je suis parti prendre mon bus qui m’a emmené à Arthur Pass.
Jusque là, tout s'est bien passé. Sur la route, malgré la neige, j'ai même reconnu les deux campings où nous nous étions arrêté l'été précédent avec les Bros. Je suis arrivé à Arthur Pass à 10h15, comme prévu, mais c'est après que ça s'est gâté...
Sur le site de la station, la partie présentant la façon de rejoindre Temple Basin s'adressait particulièrement aux personnes venant en voiture, et indiquait seulement que le 'good lift' (une sorte de nacelle suspendue comme un télésiège permettant de transporter ses affaires jusqu'à la station) se trouvait à 800 mètres du parking. Mais ce qui n'était pas indiqué, c'est que ce parking était lui même à plus de 4 km du village d'Arthur Pass !
C'est donc chargé comme une bourrique (beaucoup plus que pendant mes précédentes randonnées avec les Bros) que je me suis dirigé vers le parking de Temple Basin. La conseillère du centre d'information d'Arthur Pass m'avait indiqué une randonnée qui m’amènerait jusque là-bas. Alors oui, c'était jolie, mais c'était bien casse-gueule aussi. Avec de la neige, de la glace, parfois des escaliers givrés extrêmement glissant... Autant dire que chargé comme j'étais, j'ai pris beaucoup de précaution à placer chacun de mes pas. J'ai donc mis beaucoup de temps à arriver au 'Good lift', et bien sûr, il était maintenant fermé... Il était 13h, et il n'allait rouvrir qu'à 16h. D'après le site de Temple Basin, la randonnée menant du parking jusqu'à la station prenait à peu près 50 minutes. Après avoir mangé, je me suis dit que même chargé comme je l'étais, je préférais tenter ma chance à monter plutôt que d'attendre et me faire chier 3h. Surtout qu'au final il faudrait quand-même que je monte à pied.
Je vous ferai juste un rapide résumé de ce moment super éprouvant, où les 50 minutes se sont transformées en 1h30. La dénivelé de 400 mètres de montée était parfois très pentue, avec de plus en plus de neige au fur et à mesure de mon ascension. Je me suis parfois pété la gueule, et parfois enfoncé dans la neige jusqu'à la hanche. Mais bon, j'y suis arrivé ! Et je me suis effondré sur mon lit, en me disant que je ne ferais du snowboard qu'à partir du lendemain.
Après un bon petit déjeuné, j'ai été récupérer mon équipement : La planche de snowboard évidemment, les bottes et la ''Tow-Belt''. J'avais réservé cet équipement sans vraiment savoir à quoi il servirait, et je vous expliquerais un peu après à quoi ça sert.
J'ai été sur la petite colline la plus proche, enfilé ma planche de snowboard, et commencé à m'entraîner sur le ''heel side''. C'est à dire que j'étais face à la descente, et en jouant sur l'inclinaison de la planche à l'aide de mes talons (''heels'') je contrôlais ma vitesse. Après quelques descentes, où je me suis aperçu que mon équilibre était pas mal, je suis passé au ''toe side'', qui est l'inverse. Donc dos à la descente, je jouais maintenant sur l'inclinaison de la planche à l'aide de mes orteils (''toes''). Ce côté était un peu plus douloureux, surtout avec mes mollet toujours endoloris de la veille...
L'apprentissage du ''heel side'' et du ''toe side'' est très important, car c'est la base du snowboard, où l'on ride sur la montagne en passant d'un coté à l'autre. Mais pour pouvoir vraiment apprendre à tourner il faut pourvoir descendre une plus grande distance que la petite colline où j'étais, je me suis donc dirigé vers la piste ''Cassidy'', dédiée aux débutants. Là j'étais tout seul sur la piste, car ce qui est bien à ''Temple Basin'' c'est qu'il n'y a pas beaucoup de monde, et encore moins de débutants. Le problème c'est que pour monter en haut de la piste, il n'y a pas de classique tire-fesse, mais une invention Néo-zélandaise : la ''rope-tow''. C'est une une corde, sans rien, où l'on doit réussir à s'accrocher avec la ''tow-belt''. C'est un coup à prendre, et j'ai passé l'après midi à essayer avant d'enfin arriver une fois à atteindre le haut de la piste. Autant dire que ce premier jour je n'ai pas fait beaucoup de snowboard..
La ''rope-tow'' est tout simplement une corde qui tourne en boucle jusqu'en haut de la piste, comme n'importe quel ''tire-fesse''. La différence ici est que la corde est complètement nue, et pour s'y accrocher il faut utiliser la ''tow-belt'', qui est une ceinture sur laquelle se trouve un ''nutcracker'' que l'on va venir envelopper autour de la ''rope-tow''.
Expliqué de cette façon ça paraît plutôt simple, mais il faut gérer en même temps le fait de d'abord être agrippé à la corde par la simple force d'une main, avant d'être à la même vitesse que la corde et de pouvoir y envelopper le ''nutcracker'' de l'autre main, tout en gardant le contrôle du snowboard. Et tout de suite c'est beaucoup moins simple.
Le deuxième jour, c'est bon, grâce aux conseils qu'on m'a donné, je maîtrise beaucoup mieux la ''Rope-tow''. C'est donc reparti pour l'apprentissage du snowboard !
Je reprend l'entraînement ''heel side''/''toe side'', avant de commencer à apprendre à tourner, c'est à dire de passer de l'un à l'autre. Ma première tentative a bien entendu été un échec. J'arrivais trop rapidement et je n'ai pas réussi à contrôler ma planche correctement, ce qui m'a fait faire un bon saut suivi de quelques roulades avant de rester ''planter'' dans la neige avec quelques douleurs à la nuque... Heureusement, la neige était plutôt molle, pas comme les jours suivant où elle était beaucoup plus verglacée. Et d'ailleurs, quand je parle de rester ''planter'' dans la neige, je parle en particulier de la planche qui se retrouve perpendiculaire à la neige et qui n'est pas forcément facile à retirer.
Mais je ne me suis pas laissé démonter. J'ai repris l'entraînement en prenant un peu plus mon temps, afin d'apprendre à mieux contrôler ma vitesse, mon orientation et mon équilibre. À la fin de la journée j'arrivais à passer d'un côté à l'autre. Oui, je n'appelle pas encore ça ''tourner'' parce que je m'arrêtais à chaque changement. Mais au moins j'arrivais à plutôt bien garder l'équilibre et ne tombais qu'une fois sur trois (une fois sur deux pour les changements vers ''toe side''. Il est universellement considéré comme le plus dur parce que dans ce sens on ne voit plus la piste).
Je suis rentré à la station satisfait de mon avancé, sachant que je n'ai aucune idée de l'évolution d'un apprentissage normal du snowboard. Néanmoins les gens semblaient assez impressionnés par mon avancé, me disant que j'avais déjà un bon équilibre. Il y avait notamment ce jeune père de famille (qui avait testé le snowboard mais préférait le ski, et notamment le ''telemark'', pour les connaisseurs), qui m'avait raconté qu'à la fin de sa première journée il avait eu très mal au bras à force de devoir se relever après être tombé. Mais personnellement ça allait. En même temps je m'étais un peu préparer physiquement avant d'y aller.
Pour pouvoir profiter pleinement de mon expérience de snowboard, j'avais effectué quelques recherches d'entraînement pré-snowboard. J'ai donc fait des pompes, du gainage au niveau du dos et des abdos, mais aussi au niveau des genoux en faisant ''la chaise'' (ça consiste à s'asseoir sur 'rien', adossé à un mur, en restant dans cette position qu'avec la force des genoux).
Le lendemain matin je suis reparti sur la piste, mais mon entrain c'est très vite réduit quand j'ai senti que la neige ne réagissait pas de la même façon que la veille. En effet, elle était verglacée, donc beaucoup plus glissante, ce qui rend le contrôle du snowboard plus difficile et les chutes plus douloureuses. Et après ma première chute j'ai décidé d'attendre que la neige ''se réchauffe'' dans l'après-midi.
Je vais profiter de cette petite pause pour vous parler de l'équipement personnel que j'avais apporté, et vous montrer qu'il n'y a au final pas besoin de grand chose pour faire du sport d'hivers.
Au départ, encore une fois parce que je n'y connaissais rien, j'étais perplexe vis-à-vis de ce qu'il me fallait pour faire du snowboard. J'ai fais des recherches d'équipements, et voyant le prix j'ai arrêté..
Au lieu de regarder les équipements existants, j'ai décidé de me focaliser sur les besoins que j'allais rencontrer : protection contre le froid et l'humidité de la neige, contre le soleil et son reflet sur la neige, et finalement protection contre les chutes. Je me suis alors rendu compte que tout ce dont j'avais besoin, je l'avais déjà : un casque multisport que j'utilise pour le vélo, de la crème solaire et une paire de lunettes de soleil, des vêtements normaux sous un k-way et un sur-pantalon, des gants. Et ça l'a fait, il en faut pas plus.
L'après-midi je suis de retour sur la piste, bien décidé à améliorer mes passages de ''heel side'' à ''toe side'' pour les rendre plus fluides, et commencer à faire quelque chose ressemblant vraiment à du snowboard.
À la fin de la journée je suis plutôt confiant et descend la piste en zigzagant d'un bord à l'autre, enchaînant de manière plus ou moins fluide les virages. C'était cool !
Comme je contrôlais beaucoup mieux mon équilibre et ma vitesse, je me suis aussi permis d'aller plus vite. Je dévalais la pente au rythme des bosses, et j'avais la sensation d'affronter des vagues. Ce que je ressentais était purement et simplement génial. Je pense que c'est vraiment à ce moment là que j'ai ''catch the bug'' comme ils disent, et que j'ai compris pourquoi tant de gens adoraient le snowboard.
Le matin suivant, voyant que la neige était encore une fois verglacée, je me suis dit que j'allais visiter un peu le coin. Je suis parti, simplement équipé de mes chaussures pas vraiment prévue pour la neige, mais ça l'a fait. Je suis monté explorer les sommets, mais n'étant vraiment pas équipé pour une vraie expédition, je me suis arrêté sur un petit plateau d'où j'avais une vue sympathique.
Ensuite, comme souvent en escalade, je me suis rendu compte que la descente était nettement plus difficile que la monté.. C'était principalement dû au fait que la pente paraissait beaucoup plus raide dans ce sens là, et que la neige était encore un peu dure et glissante.
Dans l'après-midi j'ai vraiment profité à fond, parce que c'était mon dernier jour ici.
Je suis allé tester d'autres pistes, et j'ai alors réalisé que bien que confiant sur ''ma'' piste, il me restait beaucoup à maîtriser avant de me considérer comme un vrai snowboarder. Néanmoins, la plupart des gens avaient du mal à croire que ça ne faisait que quatre jours que je faisais du snowboard, et ça ça fait plaisir.
C'est assez tristement que j'ai quitté la station le lendemain matin, sachant qu'avec les aventures qui m'attendent je ne pourrais pas refaire du snowboard avant pas mal de temps. Mais je suis vraiment motivé à en refaire dès mon retour en France. On m'a d'ailleurs dit qu'après avoir appris à Temple Basin, n'importe quelle piste sera plus simple. On verra.
En tout cas, d'après ce que j'ai entendu dire, les pistes en France sont aussi plutôt cool. J'ai eu la chance d'en parler avec de jeunes skieurs professionnels suisses, dont Yann Rausis, venus tourner un spot pour leur sponsor. En discutant avec également d'autres skieurs étrangers, j'ai pu apprendre que certaines compétitions à différents endroits du monde avaient été annulés à cause d'une mauvaise météo ne procurant pas assez de neiges. Et c'est vrai que j'avais pu observer la neige fondre tout au long de mon séjour, et j'ai appris que la station avait fini sa saison deux semaines après mon départ, après avoir été ouverte seulement un mois et demi, et avoir ouvert plus tard que d'habitude. Réchauffement climatique ?
Je ne suis pas un écologiste activiste, mais je pense juste que c'est un sujet qui concerne tout le monde. Je suis aussi persuadé que l'espèce humaine n'est pas le seul facteur de cette évolution climatique de la planète, mais c'est pas une raison pour faire n'importe quoi. Je trouve juste qu'éviter de polluer inutilement, essayer de trouver des solutions de recyclage et des alternatives énergétiques... Tout ça c'est important. C'est seulement une question de respect et la base du ''vivre ensemble'' pour une meilleure cohabitation de la planète entre tout les êtres humains et toutes les espèces.
Après cette petite parenthèse, je vais simplement finir cette péripétie 0. Zéro car elle ne fait pas vraiment parti de mon ''Aventure Australienne''.
Je suis donc retourné à Christchurch où j'ai passé ma dernière nuit en Nouvelle-Zélande dans une auberge, avant de prendre mon avion pour Brisbane le lendemain, et commencer l'Aventure, la vraie !
Mais ça se sera pour le mois prochain, avec la première partie de ma véritable Péripétie 1.
Allez, @ la prochaine,
et Bon vent
Yann